Des nouvelles du 11 juillet
La vie est diverse. La vie est variée, c’est certain. Voyez ce que peuvent vivre les populations un 11 juillet, il y a un siècle.
Le 11 juillet 1894, par exemple, le Quotidien de Lévis nous apprend qu’à Pont-Rouge, les pêcheurs sont nombreux à espérer quelques belles prises. Plusieurs amateurs font la pêche au saumon de ce temps-ci sur la rivière Jacques-Cartier, près du pont Déry. Le saumon abonde, mais il est assez difficile de le prendre, à cause de la hauteur excessive des eaux. Déjà, voilà bien une centaine d’années alors que ce site est renommé pour la pêche au saumon.
Toujours le 11 juillet 1894, pendant que des pêcheurs y vont d’espérances, le même quotidien nous dit : Le frère Alphonse, trappiste de la trappe d’Oka, est à Québec depuis quelques jours. Le révérend Frère est venu pour placer dans le commerce le célèbre fromage fabriqué à la Trappe.
Six ans plus tard, toujours le même jour, La Presse nous apprend : Des cultivateurs de la paroisse de Saint-Joseph [de Sorel] nous disent que vendredi dernier il est tombé une pluie de crapauds et qu’en certains endroits, le sol était couvert de ces minuscules petits batraciens.
Ainsi va la vie. Certains sont en quête de saumons, d’autres moussent la vente de leur fromage, devenu un des favoris des Québécois au 20e siècle, et des Sorellois voient tomber des crapauds du ciel !
Au sujet de ces pluies étranges, il faut dire aux Sorellois qu’ils ne sont pas les premiers à en apercevoir. Rabattons-nous sur ce qu’en dit le naturaliste Claude Mélançon dans on ouvrage Inconnus et Méconnus, Amphibiens et reptiles de la Province de Québec (Québec, Société zoologique de Québec, 1950) : À l’apparition soudaine et innombrables de Crapelets, écrit-il, un jour de pluie propice aux déplacements, est probablement due la légende des pluies de Crapauds, phénomène qui a émerveillé le moyen-âge au même titre que les pluies de Grenouilles, de même origine. Toutefois, ce mystère, et celui de la pierre précieuse que le Crapaud était supposé porter dans la tête, n’ont valu aucune considération particulière à cet utile Amphibien. Il est toujours le paria du monde animal, l’auxiliaire dont on se détourne avec dégoût. Sainte Clothilde elle-même n’a pu supporter sa vue. Elle a forcé Clovis à remplacer les trois Crapauds noirs que portait son écu par les trois fleurs d’iris qui sont devenues les lys de France. Nous qui connaissons mieux le Crapaud devrions réclamer pour lui la protection des lois et à chaque rencontre saluer bas ce méconnu qui s’est fait affreux pour mieux nous servir.
La photographie ci-haut est bien celle du Crapaud d’Amérique.
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