Le Cole Brothers
Les cirques d’aujourd’hui, avec leurs manèges, ne sont plus ceux d’hier. En voici un nouveau vers 1900, le Cole Brothers. Cette fois-ci à Québec. Laissons toute la place au journaliste du Soleil, le 2 juillet 1908. Il est généreux, parle d’abondance.
L’annonce de l’arrivée d’un cirque à Québec, hier – jour de fête légale, par-dessus le marché – a fait affluer des foules énormes sur le passage de la procession du cirque, de la parade plutôt, et dès les 8 heures, les abords des rues étaient bondés et la parade n’était que pour 10 heures et 11 heures à certains endroits, preuve que l’on aime les spectacles, ce qui n’est pas un mal après tout, car il y a toujours quelque chose à apprendre dans une parade où le principal attrait, si l’on excepte les lourds chariots dorés, est sans contredit les animaux féroces enfermés derrière les grilles de fer et les autres, plus doux mais plus gros comme le chameau, les dromadaires, le lama blanc du Pérou, comme celui qui faisait la queue à la parade d’hier.
Bien des cirques sont venus à Québec, dont les processions ne valaient pas celle du cirque Cole Bros. Sur laquelle il n’y avait rien à redire quant à la richesse des équipages et à la beauté des costumes des écuyères, écuyers, bouffons et autres. Quant aux représentations, elles valent assurément la peine d’être vues : pas de trivialité, des costumes superbes, un décorum parfait et surtout des tours d’adresses incomparables sur les chevaux dressés, dans les trapèzes volantes, sur les triples barres horizontales, comme sur le fil tendu et dans les échelles et la perche équipoise.
Tout marche avec la régularité d’une horloge, et hommes, femmes, chevaux, mulets obéissent au son de la clochette, sinon à celui de la fanfare.
Le spectacle s’ouvre par des groupes semblant de marbre fort bien représentés; le dernier qui a soulevé les applaudissements unanimes était Christophe Colomb et ses compagnons arrivant à Québec. Les bouffons, qui sont nombreux, sont des plus amusants, et le policeman surtout fait bien rire, étant continuellement sur le qui-vive et exposé à toutes les mauvaises farces de ses compagnons. Il fallait voir la gent enfantine s’esclaffer aux malheurs qui arrivaient au gardien de la paix.
On ne peut se lasser d’admirer, durant les représentations, tout ce personnel du cirque dans l’exécution rapide de ses divers devoirs. Ces hommes doivent être infatigables si l’on calcule qu’il en est ainsi tous les jours et qu’ils sont obligés de voyager par-dessus le marché. C’est une armée de travailleurs, ni plus ni moins.
À midi et quart, eût lieu le saut périlleux, à côté de la grande tente qui a été applaudi par des milliers de spectateurs, la représentation étant gratuite, et s’est renouvelée à 6h. 30 avec le même succès. Durant toute la journée, une foule immense s’est tenue sur les terrains, écoutant crier les vendeurs de pop corn, de ice cool lemonade, peu d’eau, beaucoup de glace, et pas de citron; de balloons, de petits fouets, de cannes, etc., en un mot tout l’attrait qui suit d’ordinaire un cirque, sans compter les side shows où l’on exhibait les Aztèques, une fille qui marche sur… des poignards, un avaleur de sabres, un dompteur de serpents, une femme n’ayant pas son pareil dans les clubs sportiques pour manier les haltères, et une infinité d’autres spectacles qu’on peut facilement se dispenser d’aller voir en assistant au cirque.
Bref, le cirque Cole Bros aura laissé un bon souvenir à Québec, car c’est peut-être la première fois que l’on ne constate aucune chicane ou agressions quelconques durant le passage d’une organisation de ce genre. Et pour résumer : le temps a été des plus favorables et le cirque a fait gros d’argent.
Ça me rappelle le Cirque Vargas, où nous allions quand j’étais petit. Il me semble que c’était à Lévis, installé dans le stationnement d’un centre commercial.
Absolument. Et tu sais que le Cirque Vargas est toujours sur la route.
Ce Vargas était vraiment un cirque de qualité.