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L’arbre est le frère de l’homme selon l’historien et écrivain français Jules Michelet (1798-1874)

L’arbre gémit, soupire, pleure d’une voix humaine. Vers 1840, nos Français d’Algérie qui en coupaient plusieurs, en furent émus, presque effrayés. Des arbres, même intacts, gémissent et se lamentent.

On croit que c’est le vent, mais c’est souvent aussi leur circulation intérieure, moins égale qu’on ne croit, les troubles de leur sève, les rêves de l’âme végétale.

L’Antiquité n’avait jamais douté que l’arbre eût une âme — confuse, obscure, peut-être —, mais une âme aussi bien que tout être animé. L’humanité crut cela dix mille ans, avant les âges scolastiques qui ont pétrifié la Nature.

Cette idée orgueilleuse de croire que l’homme seul sent et pense, que tant d’êtres ne sont que des choses, est un paradoxe moderne du Moyen Age.

La science aujourd’hui nous enseigne tout le contraire et se rapproche fort des croyances antiques. Tout être, nous dit-elle, le moins avancé même, a en lui le travail, l’effort, un certain sens d’assurer, d’augmenter sa vie, le choix (mot de Darwin), l’usage quelquefois très habile des moyens qui mènent à ce but. Chacun a son art personnel pour être et croître, et se créer sans cesse.

 

Jules Michelet, La Montagne, Paris, Librairie internationale, 1868, p. 195s., cité dans l’ouvrage de Joseph Ki-Zerbo, Compagnons du soleil, Anthologie des grands textes de l’humanité sur les rapports entre l’homme et la Nature, Paris, Éditions La Découverte et UNESCO, 1992, p. 509.

Wow !

Les caractères gras sont de moi.

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