Arrêt sur Louyse de Bienville
Il est bien vrai que, de toutes les écrivaines québécoises du premier quart du 20e siècle, Louyse de Bienville (1870-1928), Madame Donat Brodeur, petit-fille de l’historien François-Xavier Garneau, est la moins connue de toutes.
Dans Le Dictionnaire biographique du Canada, Line Gosselin nous dit que « la dispersion de ses écrits dans différents périodiques a sans doute contribué à son effacement ».
Cette mère de huit enfants écrivait fort bien, on ne peut en douter. Déjà, nous avons proposé un texte d’elle le 15 novembre 2014, apparaissant dans une trentaine d’écrits colligés par sa fille Marguerite après son décès, parus aux Éditions Beauchemin à Montréal en 1931 sous le titre Figures et paysages. Voyez cet autre :
Béni celui qui, passant sur nos routes fleuries, cueillera pour nous les rendre en harmonie les poèmes inachevés des amoureux ; ou celui qui martellera les mots jetés à la brise des beaux soirs pleins de désirs flottants, plus légers que la vapeur des nuages. Béni l’arpège étincelant qui fera miroiter les lumières de l’esprit que les fronts trop discrets et trop distraits ne reflètent point !…
Qui a au cœur plus d’amour qu’il n’en donne ? Au poète, à l’artiste seul, il appartient de lever le voile sur les intimes sensations du cœur et de la vie intellectuelle. À eux, il appartient de chanter, parce qu’ils reçurent en naissant le don et le devoir d’animer et d’exprimer ce que nous du commun des mortels nous gardons jalousement et douloureusement en nos temples fermés.
Louyse de Bienville, Figures et Paysages, préface de Édouard Montpetit, Montréal, Éditions Beauchemin, 1931, p. 46.
La photographie de Louyse de Bienville apparaît en regard de la page titre du livre.