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Des mots sur Einstein. Mots importants

Un jour, durant les années 1970, toujours dans ma quête de livres de sagesse, cette fois-ci en mars ’76, j’ai mis la patte sur un livre consacré à Albert Einstein, Le drame d’Albert Einstein. Amerri chez un bouquiniste de Québec, il provenait de la bibliothèque de l’École des infirmières de l’hôpital Saint-Luc, à Montréal.

Magnifique ouvrage pour qui s’intéresse à la création. Parfois, il m’arrive de penser que des livres, partis dans une errance, sont là pour vous arriver un jour. Étrange tout cela.

Voici seulement quelques-uns des mots qui m’enchantent toujours, 41 ans plus tard.

Il croit, avec Schopenhauer, qu’un des plus forts mobiles qui mène vers l’art et la science est l’évasion de la vie quotidienne, avec sa douloureuse brutalité et son vide désolant, évasion aussi des liens de nos propres désirs toujours changeants. Mais, à ce mobile purement négatif, se joint un autre, plus puissant encore.

Même mobile d’ailleurs — et ceci est caractéristique pour la pensée d’Einstein — que celui qui anime le peintre, le poète, le philosophe et le savant, quand ils cherchent à former une image du monde compréhensive et simplifiée, pour triompher du monde des expériences vécues, le remplacer à un certain degré par cette construction spirituelle. « Dans cette image et sa formation » a dit Einstein, l’homme « déplace le centre de gravité de sa vie sentimentale, pour chercher le calme et la fermeté qu’il ne peut pas trouver dans le cercle trop étroit du tourbillon de sa vie personnelle ».  […]

« L’homme, a-t-il dit un jour, auquel ce sentiment du mystère n’est pas familier, qui a perdu la faculté de s’émerveiller, de s’abîmer dans le respect, est comme un homme mort. » Il semble presque qu’à mesure que de nouvelles lois de l’univers, celles qui régissent les nébuleuses et les atomes, se révèlent à lui, sa conscience du mystérieux s’accroît. Chez l’homme qui a reculé si loin les bornes du connu, on pourrait supposer un orgueil du pouvoir spéculatif, la supériorité du voyageur revenant d’une exploration difficile qui sourit de nos petites hésitations devant un sentier inconnu. Mais c’est le contraire qui s’est produit.

À chaque pas dans la vie, vie quotidienne même, Einstein éprouve un émerveillement secret, le sentiment de se trouver en face d’une aventure extraordinaire. L’exploration de l’homme et de l’univers lui semble à peine commencée.

 

Antonina Vallentin [1893-1957], Le drame d’Albert Einstein, Paris, Plon, 1954. La photographie est extraite de cet ouvrage.

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