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Élise Paré, fidèle à son serment

J’aime bien me promener dans les contes et légendes véhiculés dans la presse québécoise d’il y a plus de 100 ans. On y trouve tant de phénomènes incroyables aux yeux des populations d’alors, à l’imagination bien fertile, et qui, pour la plupart sont complètement disparus.

Sous le titre «Nouvelles de l’autre monde», Le Franco-Canadien du 21 mars 1884 nous raconte la légende d’Élise Paré venue du drame de la rue Sainte-Hélène.

Le dernier grand succès en fait de contes merveilleux comme on aime à en répéter au coin du feu par ces longues veillées de carême, c’est sans contredit le récit fantastique que voici.

Traduit en prose de journaliste, il perd de son charme, mais nos lecteurs auront sans doute l’avantage de l’entendre de leurs oreilles, car, avant longtemps, il sera dans toutes les bouches par ici.

Il était écrit que le drame de la rue Ste-Hélène aurait plus d’une scène. On n’oubliera pas de sitôt la fin tragique de ce malheureux couple affolé d’amour et de jalousie.

Ce n’était pas là, il faut le croire, un dénouement; l’imagination s’est chargée, en effet, d’ajouter un nouveau chapitre, celui des fantômes, à ce roman lugubre. On dit qu’Élise Paré, la victime de Mulroony, avait été autrefois une enfant pieuse et sage. On l’avait mise au couvent; là, elle s’était liée d’amitié avec une de ses compagnes.

Elles étaient toujours ensemble, et, lorsque vient le moment de se séparer, c’est-à-dire le jour où Élise quitta le couvent, elle échangea avec son amie un serment étrange. Promettons-nous, se dirent-elles, que lorsque l’une de nous mourra, elle ira avertir la survivante et lui donner de ses nouvelles ! ………………………………

Des années s’écoulent; l’une des camarades a embrassé la vie religieuse, nous la retrouvons au fond d’un couvent aux environs de Montréal. L’autre, la mondaine Élise, on sait ce qui lui est arrivé; un amant, fou de jalousie, l’a assassinée et s’est tué avec elle.

Ici nous marchons en pleine fantaisie. La jeune religieuse, qui n’a cessé de faire une large part dans ses prières de chaque jour pour son ancienne amie de couvent, avait oublié peut-être la fatale promesse échangée jadis sous les arbres qui environnait la sainte retraite.

Soudain, elle voit apparaître au fond de sa cellule une ombre sanglante, elle reconnaît son Élise d’autrefois. «Je suis morte, lui dit le triste fantôme, je me suis rappelé de ma promesse.» «Souffres-tu ?» balbutie la sœur. «Oui, je suis couchée sur un lit de feu !» «Serais-tu damnée ?»

«Non, mais ma pénitence doit durer jusqu’à la fin du monde. Je ne suis pas damnée pour jamais parce qu’avant de mourir j’ai eu le temps de m’écrier du fond de mon âme : Mon Dieu, ayez pitié de moi !»…………..

Voilà dans toute sa naïve simplicité la légende, à la fois romantique et touchante, brodée par l’imagination populaire sur le thème du drame de la rue Ste-Hélène. Ne valait-elle pas la peine d’être racontée par la plume ?

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