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À Saint-Hyacinthe, la Yamaska déborde

Nous voilà le 18 mars 1898. À Saint-Hyacinthe, la Yamaska, un des affluents méridionaux du fleuve Saint-Laurent, sort de son lit. Voilà la population impuissante.

Les doux temps de la semaine dernière, la fonte de la neige et la pluie de samedi matin ne pouvaient manquer de produire un gonflement extraordinaire dans le cours de notre beau et ordinairement si paisible Yamaska. L’eau commençait à monter jeudi, d’une façon sensible; elle prenait son cours sans entrave et se dirigeait de toutes parts vers la rivière.

Samedi matin, l’aspect n’était pas rassurant; la pluie de samedi matin contribua énormément à la crue des eaux et dès samedi soir les riverains en ville commencèrent à déménager. Dimanche matin, l’eau touchait la marque des années dernières et elle continuait à monter. Les déménagements furent plus considérables. […]

À 2 heures p. m., dimanche, l’eau dépassait de près de 2 pds le point le plus élevé qu’elle eût encore atteint à St-Hyacinthe, c’est dire que l’étendue de terrain inondé était deux fois plus considérable que les années précédentes. […]

Il était alors difficile de prévoir où s’arrêterait l’eau qui, à ce moment, était montée de 19 pieds et plus en certains endroits.

Dans les caves autour du marché Centre, il y avait de 3 à 4 pieds d’eau refoulée là par le canal d’égout de la corporation.

Chez MM. Bourgeois et Cie, les barils de vin St-Michel se promenaient dans la cave et rendaient visite aux whiskey écossais et aux vins d’Espagne.

Chez M. Lapalme, les chapeaux de paille disputaient le cours d’eau aux casques de seal [phoque] qui étaient plus dans leur élément primitif.

À La Tribune, les paquets de papier blanc se promenaient côte à côte avec les paquets de papier imprimés qui attendaient patiemment l’ordre de passer chez le relieur pour être transformés en livres.

Chez M. J. Mathieu, à la buanderie, on avait l’air satisfait, c’est du linge sale qu’ils veulent, et il y en avait gros ces jours-ci.

Chez MM. J. A. & M. Côté, on a pompé à la vapeur toute la journée pour tenir la cave libre d’eau.

Aux tanneries Duclos & Payan, l’eau a fait beaucoup de dégâts.

L’établissement de M. L. P. Morin a été fort maltraité.

Au Granite Mills, la teinturerie a été inondée.

Deux vieilles maisons, une à Mme Martin et une à Mme Monat, en bas de la côte devant le collège, ont été emportées par l’eau et la glace.

En haut de la chaussée, l’eau était plus haute que jamais auparavant. Plus de 6 pds d’eau passaient par-dessus la Dam.

Fort heureusement, un peu après 2 heures, le barrage vis-à-vis et en bas du collège céda et l’eau se précipita avec la glace. Ce fut l’affaire d’une heure pour faire baisser l’eau de 3 pieds d’épaisseur.

De ce moment, le danger était disparu, l’inondation n’était plus à craindre. Les dommages aux bâtisses ne sont pas très considérables; ceux causés par l’eau le sont beaucoup plus. Ils ne pourront être évalués avant quelques jours encore.

Devons-nous craindre le dégel de la prochaine lune ? Nous ne le croyons pas, et voici pourquoi. La glace de la clef est partie, le cours est libre et l’eau s’écoulera sans dégâts.

 

L’illustration de l’inondation de la rivière Yamaska à Saint-Hyacinthe fut publiée dans Le Monde illustré du 28 mars 1898. On la retrouve sur le site de Bibliothèque et Archives nationales du Québec au descripteur «Inondations».

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