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Petit hommage à un bien grand monsieur

Dès que le vinyle a vu le jour durant les années 1950, le premier disque, acheté par mon père, est celui de Félix Leclerc, un gars de la Mauricie, qui chantait fort simplement et d’une manière très attachante. Certains disent que Félix ne fut connu au Québec qu’à la fin des années ’60. Je ne comprends pas, à la maison nous le chantions dans le texte dès les années ’50.

Il y aurait de nombreuses manières de lui rendre hommage. En voici une, bien de saison. Extraite de son Calepin du flâneur. Des pages de courts dires, de pensées, d’arrêts sur l’instant, écrites, pour la plupart, à Vaudreuil, je crois. Et publiées chez Fides en 1961.

Quatre jours bloqué dans ma maison par une tempête de neige. On ne voit plus la boîte aux lettres au chemin et le lac, que la poudrerie harcèle, veille sous la glace. Grands vents et bourrasques comme des poignées de sel qu’on lance dans les vitres, collisions de nuages presqu’à ras terre, crissements sur le toit, les fils sifflent, le diable essaie d’effrayer les bêtes dans les étables. On guette le bleu dans le ciel. C’est agréable d’avoir un trou à la chaleur. On est comme le thé dans la théière et on pense aux perdus qui poussent le vent dehors.

Et puis la charrue à neige a clignoté son œil rouge de danger là-bas et s’est arrêtée devant ma porte.

Trois hommes en sont sortis, fourbus, fatigués, blêmes; ils déblaient les routes depuis quarante heures sans arrêt.

— Une chanson, s’il vous plaît.

Casquette pliée sur les genoux et leurs grosses mains par-dessus, ils ont écouté puis sont repartis. J’ai été si heureux que je suis allé me rouler de joie avec le vent. Je crois que je l’ai même remercié.

2 commentaires Publier un commentaire
  1. Très belle anecdote… et je ne connaissais pas ce Calepin. Je savais pas non plus le Grand Monsieur ainsi presque blogueur… Bonne année!

    1 janvier 2014
  2. Jean Provencher #

    L’expression est très juste, nous pouvons parler de blogue. Et je crois bien que l’ouvrage est toujours disponible en poche aujourd’hui pour moins que rien. Belle année, Roger.

    1 janvier 2014

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