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Lavez-vous !

Dans La Tribune (Saint-Hyacinthe) du 22 septembre 1893, celui qui signe «Dr F. D.» nous parle de la nécessité des «ablutions». Contribution à une histoire de l’hygiène personnelle.

Par bonheur, l’habitude de se laver régulièrement tout le corps devient de moins en moins rare, mais elle est loin encore d’être universelle surtout dans les classes ouvrières pour lesquelles elle serait pourtant si salutaire.

Beaucoup vont de janvier à décembre sans même penser qu’il soit nécessaire de se laver autre chose que le visage et les mains. La peau excrète perpétuellement des substances gazeuses, salines et graisseuses qu’il est indispensable pour la santé d’expulser au dehors. Or la peau ne peut remplir ses fonctions si les pores se trouvent bouchés par la transpiration et la poussière.

La conséquence de la malpropreté, c’est que les excrétions sont retenues dans le système au lieu d’être expulsées; un surcroit de travail incombe aux autres organes excréteurs, le foie et les reins par exemple, et, s’ils n’ont pas assez de vigueur pour compenser les mauvais résultats de la négligence humaine, il s’ensuit de la langueur, de la tristesse, des maux de tête, des accumulations locales sanguines, de la goutte, de la gravelle et d’autres maladies. Heureusement, on ne peut complètement neutraliser les fonctions de la peau; sans cela, la mort s’ensuivrait.

On doit se laver tout le corps au moins une fois par semaine avec de l’eau et du savon, les autres jours avec de l’eau simple en frottant bien avec un essuie-mains rude. Cela suffira à maintenir la peau en bon état. Ceux qui sont robustes et se lavent le matin doivent le faire avec de l’eau froide immédiatement en se levant, pendant que le corps conserve encore beaucoup de chaleur; mais les personnes délicates ne peuvent se servir d’eau froide, parce qu’elles supporteraient mal la dépression et la soustraction de chaleur, et que cela les laisserait frissonnantes, languissantes et les empêcherait de digérer.

Il arrive pour quelques personnes que, lorsqu’elles s’épongent le matin à l’eau froide, cela amène invariablement pour elles des brûlures d’estomac et une mauvaise digestion après le déjeuner; celles-là doivent essayer l’eau légèrement chaude ou se contenter de se laver seulement chaque matin successivement une partie du corps. Si cela même ne peut être supporté, elles substitueront au lavage une friction sèche avec un essuie-mains rude ou avec un gant.

Il est un fait indiscutable, c’est que pour beaucoup de personnes et spécialement pour celle du tempérament goutteux, l’usage des bains froids le matin est nuisible, à moins qu’il ne soit suivi d’un exercice actif qui rétablisse complètement les fonctions excrétoires de la peau. Après s’être lavé, il est toujours bon de se frotter avec un essuie-mains pour rétablir la chaleur. Si on se lave le soir, l’eau légèrement chaude est préférable.

Il faut se laver les pieds très fréquemment. Le nombre de gens qui négligent ce soin est incroyable. Heureux ceux qui peuvent faire leurs ablutions dans une baignoire, mais tout le monde du moins a à sa disposition de l’eau et un essuie-mains.

Pour les gens âgés, les ablutions fréquentes et complètes sont indispensables. Ceux qui sont chargés de soigner les vieillards, se rendant coupables de négligence, en sont punis par mille incommodités et troubles d’humeur survenant chez les vieilles personnes et que des soins de propreté eussent évités.

 

Un jour, une jeune historienne, un jeune historien nous proposera une grande histoire des soins du corps, depuis les Amérindiens avant la venue des Européens en Amérique jusqu’à nos jours. Et l’eau, bien sûr, y aura une large place.

Voici deux autres articles sur l’hygiène corporelle :
https://jeanprovencher.com/2012/07/14/bien-manger-mais-aussi-se-laver/
https://jeanprovencher.com/2012/07/24/pour-une-histoire-du-bain/

La gravure ci-haut provient de l’ouvrage de la Congrégation Notre-Dame, L’économie domestique à l’école primaire, IIIe et IVe années, Québec, L’Action sociale, 1934. Ouvrage approuvé par le Comité catholique du Conseil de l’instruction publique, le 23 septembre 1925.

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