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Le ballon nous sauvera

Dans sa chronique du 6 septembre 1884, parue dans Le Monde illustré, Léon Ledieu prévoit que le ballon sauvera l’humanité, mettra fin aux guerres.

«Je voudrais être mon petit-fils.»

Ces mots si connus, prononcés il y a un demi siècle par un penseur qui prévoyait les progrès de la science, me reviennent souvent à l’esprit, quand j’apprends que l’on vient de faire une nouvelle découverte.

La dernière nous a été annoncée par le télégraphe. Un Français, nommé [Charles] Renard, aurait trouvé la direction des ballons et serait parti la semaine dernière, de Meudon, près de Paris, aurait exécuté quelques mouvements désignés d’avance et fait un voyage de plusieurs heures dans une direction donnée et serait venu atterrir au point de départ.

Tout incroyable que puisse paraître ce tour de force scientifique, la nouvelle a été confirmée plusieurs fois, et il n’y a plus à en douter.

Je veux bien croire que l’invention n’est pas parfaite encore, que les voyages en ballons ne vont pas entrer de but en blanc dans nos habitudes journalières; que longtemps encore nous nous servirons des chemins de fer et des bateaux à vapeur, mais enfin c’est un résultat, et un résultat tellement sérieux que déjà l’Allemagne et l’Angleterre s’en sont émues et ont donné ordre à leurs aéronautes de rechercher les points principaux de la découverte française tenue secrète jusqu’à présent.

* * *

Il y a longtemps que l’homme désire s’élever, se mouvoir et se soutenir dans l’air.

Avant les ballons, qui sont de date très récente (cent un ans), on a fait une foule d’entreprises pour arriver à ce résultat, et la mythologie nous rapporte l’essai du malheureux Icare et sa chute mortelle. […]

Ce n’est qu’au siècle dernier que le hasard fit découvrir à Montgolfier la solution de ce grand problème.

Un jupon, fermé à la partie supérieure, placé sur un réchaud, se gonfla et s’éleva de lui-même à la grande stupéfaction de Mme Montgolfier qui appela son mari en toute hâte pour le rendre témoin de ce fait extraordinaire.

M. Montgolfier, observateur excellent, rechercha la cause du phénomène, la découvrit facilement et fit construire le premier ballon. […] Le succès cependant se fit attendre, et après les Montgolfières vinrent les ballons, puis les essais d’aérostats plus lourds que l’air, etc., mais on se heurtait toujours au même obstacle : le vent.

Impossible de se diriger.

Cet impossible n’est donc plus français, et l’aérostation, née en France, vient d’y être complétée.

* * *

Le résultat d’une découverte semblable sont immenses et ont été prévus depuis longtemps.

On a cité surtout celui-ci : suppression des guerres, car il est peu probable que les peuples iront s’aventurer dans une bataille aérienne, d’autant plus qu’il y aurait autant de danger pour ceux qui habiteraient le dessous que pour les belligérants eux-mêmes.

 

La photographie de Charles Renard (1847-1905), ingénieur, inventeur et «balloniste» français, apparaît sur la page Wikipédia qui lui est consacrée.

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