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De nouveau la vie dans le fossé

La pluie du 17 juillet est venue remettre à flot mon fossé asséché. Je vous le disais. Bien sûr, il était désormais trop tard pour le retour des amphibiens, la saison étant passée. Mais voilà mes patineurs revenus. Contents de la réapparition de cette mare. Vous vous souvenez assurément de Gerry, le patineur, présent partout dans le monde sur les eaux calmes, dit internet.

Dans son ouvrage Mes observations sur les insectes (Montréal, Éditions de L’Homme, 1977), mon oncle Paul Provencher, coureur des bois, parle de ce petit insecte. Il lui consacre même cinq pages, où il nous apprend, en particulier, que même l’assèchement de son lieu de vie pendant un certain temps ne lui cause pas de problème. De la famille, dit-il, des hydromètres, il lui donne le nom de Patineur matelot. Extraits.

Les hydromètres sont mieux connus sous le nom de patineurs. Au Texas, on les appelle les «Jésus», parce qu’ils marchent sur l’eau. J’avais toujours eu l’impression que ces insectes ne patinaient que vers l’avant; mais je me suis vite aperçu qu’ils étaient aussi habiles à reculons.

Comment expliquer le phénomène qui fait que les hydromètres puissent se mouvoir sur l’eau sans y enfoncer et se noyer ? […] Nos patineurs ont le corps et les pattes recouverts d’un tissu très serré qui les rend totalement imperméables. Si vous avez déjà réussi à retenir sous l’eau un de ces insectes, vous avez sans doute remarqué qu’une boule d’air argentée, que l’eau ne parvient pas à pénétrer, l’a immédiatement enveloppé, de sorte que, lorsqu’il est relâché, il remonte à la surface et la boule, en se crevant, le libère complètement sec.

En le regardant maintenant de côté, en surface, vous remarquerez que son corps ne touche pas l’eau, mais qu’il est bel et bien suspendu sur ses longues jambes. Quand ses pattes viennent en contact avec la pellicule de surface, chacune forme une minuscule dépression causée par le poids de son corps. Le bout de la patte a cependant ceci de particulier : la griffe qui s’y trouve est placée juste en avant de la pointe du tarse, qui se termine en une touffe de poils très serrés — son patin. […]

Le patineur est un prédateur qui vit dans un milieu bien spécial, où il lui faut chasser constamment pour vivre. D’abord, il localise son gibier, puis il utilise ses sens et les organes spéciaux dont la nature l’a doté pour s’en approcher convenablement; enfin, il se précipite sur la proie, ou il accélère sa course en «patins pantoufles» pour la rattraper et la saisir. Si les araignées localisent leurs victimes par les secousses produites sur les fils de leur toile, et les chauves-souris par l’écholocation de leurs cris, les patineurs perçoivent les moindres ondulations de la surface de l’eau provoquées par un insecte qui se débat en y tombant. […]

Quelques-uns de ces insectes habitent des cours d’eau qui s’assèchent durant certaines périodes. Ils se creusent alors un abri dans la vase ou sous les cailloux. En attendant qu’une pluie bienfaisante leur ramène leur habitat naturel. Les adultes hibernent en s’enfouissant de cette façon. Les jeunes, qui sont ordinairement ailés, voyagent d’un ruisseau à l’autre, à la recherche de conditions aquatiques qui leur conviennent. Les œufs sont pondus à la surface de l’eau, sur des objets flottants.

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