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La chute Montmorency en spectacle

Dans la région de la capitale, à une dizaine de kilomètres à l’est du Vieux-Québec, il y a un attrait naturel hors du commun, la chute Montmorency. Haute de 85 mètres, elle dépasse d’une fois et demie les chutes du Niagara. Tout visiteur, résidant ou touriste, passant à proximité, hiver comme été, ne peut s’empêcher de jeter un œil sur la chute Montmorency.

Samuel de Champlain est le premier à en parler en 1603. Lorsqu’il l’aperçoit, il la décrit comme «un torrent d’eau qui débordait de dessus une grande montagne». Et, sur sa carte de 1613, il lui donne le nom  de «grand sault de Montmorency».

Au printemps 1904, la chute se donne en spectacle. Le correspondant du journal La Patrie à Québec écrit le 11 mai 1904 :

La chute Montmorency, qui précipite avec mugissement ses eaux d’une hauteur de 255 pieds, présente aujourd’hui le spectacle le plus terrifiant comme le plus sublime et le plus grandiose. La fonte des neiges et les pluies diluviennes des dernières semaines ont grossi tellement ses eaux qu’on ne se rappelle pas que la chute ait atteint antérieurement une hauteur aussi considérable.

C’est grâce à la courtoisie de M. J. A. Everett, surintendant de la ligne de chemin de fer Montmorency, que l’envoyé spécial de «La Patrie» a pu se rendre aux chutes et constater de visu les progrès de l’élément en furie.

Rendons-nous d’abord aux marches naturelles où la chute prend son immense contingent d’eau. Les flots passent devant nos yeux avec une rapidité effroyable et bien propre à donner le vertige à la tête la mieux équilibrée. Ensemble, ils vont s’engouffrer dans la grande bouche de la rivière qui s’unit à eux pour se précipiter vers la chute.

C’est ici que le spectacle de la plus grande sublimité commence. Les vagues montent à une hauteur considérable. Elles lèchent de leur bave écumante les deux rives et arrivent avec une rapidité vertigineuse au haut de la chute.

Les eaux bouillonnantes se brisent sur les roches. Elles forment une immense cataracte qui se précipite à une hauteur de plus de trois cents pieds. Le spectacle est grandiose. Au-dessus de la chute, on ne voit qu’un gros brouillard qui se confond avec les nuages; en bas, l’eau est devenue tellement blanche et bouillonnante que l’on dirait qu’elle a passé par la cuve d’une blanchisseuse. On a beaucoup craint pour le pont car deux pieds de plus et les flots auraient passé pardessus. Jour et nuit, des employés sont là qui veillent; jour et nuit, l’animation et l’anxiété sont indescriptibles.

Elles se manifestent dans les environs et, jusqu’à Québec, où par centaines des Américains et villageois vont contempler le spectacle nouveau pour eux. […]

La chute, qui avait baissé hier soir de deux pieds et demi, remonte depuis ce matin. Deviendra-t-elle encore plus grosse ? C’est ce que l’on se demande avec anxiété.

 

La photographie aérienne de la chute Montmorency, prise il y a facilement plus de 40 ans, provenait à l’époque de la Direction générale du Tourisme du Gouvernement du Québec, cote M-8-C-5 (30) 70.

3 commentaires Publier un commentaire
  1. martin bolduc #

    Cher Jean
    Il y avait longtemps que j’avais visité ton site… et voilà que tu me ramènes une image de « ma » chute Montmorency! Tu ne le sais peut-être pas mais je suis né juste en haut de la dite chute, au 41 rue Montmorency sur la rive est de la rivière, à Boischatel. C’est donc un beau paquet de souvenirs pour moi… A l’époque, Boischatel était un petit village de cultivateurs. Je me rappelle encore les étés à jouer au Baseball dans le champs chez Aldège Huot, avant que le foin ne soit pas trop haut. Et plus tard, dans la redoute du parc Montmorency, qui nous offrait un « diamond » quasi règlementaire… du moins pour des gamins de 9-10 ans! Puis, vers 13-14 ans, le Parc Montmorency et le bord de la rivière étaient des lieux idéaux pour nos premières expériences romantiques, sensuelles et sensorielles! Bon! je t’épargne les détails… J’espère que tu vas bien! et que la vie est bonne pour toi. De mon coté, je m’adapte péniblement à ma nouvelle condition de père de 2 ados… et je dois dire que je m’ennuie de l’odeur des couches! Mais ou sont passés ces charmants petits garnements qu’hier encore je portais sur mes épaules? Heureusement, ma blonde est plus patiente que moi! Remarque que ni Jonah (15 ans) ni Luka (bientôt 13 ans) ne sont de mauvais garçons. Ils font simplement leur « job » d’ados… dans un monde de consommation ou ils sont constamment sollicités. Tout ce que je peux faire c’est de leur donner un encadrement motivant et stimulant, mais sécuritaire pour les aider à prendre les bonnes décisions. Sans toutefois oublier de leur rappeler de regarder quelque fois derrière eux afin de prendre conscience des traces qu’ils laissent… mais aussi pour mieux comprendre d’où ils viennent.
    J’aimerais bien me projeter 10 ans en avant pour voir ce qu’ils deviendront. Mais c’est un peu ridicule! Je dois plutôt apprendre à profiter de chaque moment, à trouver l’équilibre, le terrain neutre, le temps suspendu qui me permettront de mieux les accompagner… Mais pourquoi je te raconte tout ça? Faut croire que c’est la Montmorency et les souvenirs de ma propre adolescence… Allez! je t’embrasse! et joyeux printemps mon beau Jean!

    13 mai 2013
  2. Jean Provencher #

    Bien cher Martin, merci infiniment de ton témoignage touchant. Je ne savais pas que tu venais des hauteurs de la chute. Ce devait être, en effet, le bonheur. Et, avec en prime, entre deux parties de balle ou le baiser à ton premier amour, une vue qui porte très loin, juchés que vous étiez.

    Pour ma part j’ai une variété de souvenirs qui me lient à ce lieu. Que je t’en dise deux seulement. 1) Le bonheur d’aller aux trilobites et aux crinoïdes avec mon Sébastien, mon fils, qui avait, quoi, 7, 8, 9 ans. 2) Ce lynx absolument magnifique, gros minou en habit d’hiver, que je surprenais dans une talle d’arbres sur le terrain de golf, dans la neige haute. Mais c’était un gentil chat qui est simplement et calmement venu me reconduire à mon auto, me laissant entendre que c’était son domaine à lui, ce domaine d’hiver sans golfeurs. À Boischatel, il y a aussi un imprimeur bien sympa, que j’aime saluer en passant, lorsque je fais la route ancienne jusqu’à Cap-Tourmente.

    Pour Jonah et Luka, c’est la bonne manière d’être : leur donner un encadrement motivant et stimulant, mais sécuritaire pour les aider à prendre les bonnes décisions. Tu sais bien que parents, nous ne sommes que des témoignages, des références pour pouvoir les rendre forts. Parce qu’ils auront, eux aussi, leur portion de claques sur la gueule, inévitable.

    Et ne te presse pas pour te projeter 10 ans en avant. C’est si vite venu, tu verras.

    Allez, je ne veux pas te faire la leçon. File, cher, en beauté, comme tu as toujours été.

    Je t’embrasse, bel ami de toujours.

    14 mai 2013

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