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Des cigales mal en peine

Le journaliste Léon Ledieu, dans Le Monde illustré du 22 février 1896, y va ce matin d’une histoire de cigales ! En plein hiver ? Absolument.

Un jour d’automne — le dernier passé — quelqu’un s’en fut en France pour y chercher une troupe choisie de cigales féminines et masculines, pour la transporter dans la bonne ville de Montréal, où elles devaient charmer les Canadiens de leurs doux accents, tout l’hiver durant — l’hiver, saison redoutée des cigales du temps de Lafontaine.

Mais les choses ont changé depuis l’époque du bon fabuliste; les cigales modernes chantent au temps froid, quand la bise est venue, et se reposent au temps chaud, — je parle des cigales d’opéra.

On leur promettait toutes sortes de douces choses et l’avenir qu’on faisait luire à leurs yeux était tellement brillant qu’elles en furent éblouies.

Elles bravèrent les flots et les vents et s’en vinrent à Montréal où elles furent admirablement accueillies.

Tout alla bien pendant plusieurs mois, mais voici qu’un soir de la semaine dernière, les joyeuses cigales refusèrent de chanter et le public, habitué à leurs gracieux accents, chercha la cause de cet effet.

On ne leur avait pas donné à manger depuis quarante jours ! ! !

Et voilà pourquoi les cigales n’ont plus de voix.

Pauvre opéra français !

 

Cette image de la cantatrice québécoise Emma Albani, dans la scène «Élisabeth en prière» de l’opéra Tanhauser, paraît dans L’Opinion publique du 29 mars 1883. On la retrouvera à l’adresse suivante : http://bibnum2.banq.qc.ca/bna/illustrations/accueil.htm, au descripteur «Opéras — Personnages».

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