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Les papiers de famille

Je ne sais si c’était chez vous une coutume, une façon de faire, un patrimoine qu’on se transmettait dans la famille. Mais le journaliste et essayiste Edmond Lareau (1848-1890) laisse entendre, dans un texte reproduit dans Le Monde illustré du 20 janvier 1894, qu’une variété de documents constitue un bien de famille.

Dans les familles, on conserve avec un grand soin certains objets, souvent de peu d’importance en eux-mêmes, mais dont le prix est inappréciable lorsqu’ils se rattachent à quelques souvenirs du passé.

De ce nombre sont les papiers de famille. Quelle famille n’a pas ses papiers ? …. C’est un vieux folio où l’aïeul a enregistré, jour par jour, la note de la dépense et de la recette; c’est le journal de grand’maman où, dans sa jeunesse, elle a inscrit ses impressions quotidiennes; c’est le livre de ménage où l’époux dit les époques mémorables de sa vie, où la mère annonce la naissance de sa fille; c’est le carnet de jeune fille où elle confie ses petits plaisirs et ses grands chagrins; c’est même le livret tout barbouillé, malpropre, maculé d’encre et de poussière du turbulent écolier.

Ces papiers sont pour toutes les circonstances et pour tous les besoins; il y en a de toutes les sortes et sur tous les sujets. De génération en génération, ces papiers se transmettent.

On les garde avec un soin précieux parce qu’on voit là, en eux, l’image d’un ancêtre, le souvenir d’une époque importante. Ils sont comme le lien qui nous rattache aux choses anciennes et aux hommes passés.

La plupart sont d’une écriture jaune, illisible, d’un papier usée, racorni, sans commencement ni fin : qu’importe, on les conserve avec plus de soin encore. Et on a raison, car ce sont les archives de la famille.

 

On peut arguer avec Edmond Lareau qu’il y a là un bien de famille, un patrimoine. Mais il faut pouvoir reconnaître également que ce peut être bien lourd à porter à un certain moment, l’accumulation aidant.

L’illustration est une page du journal personnel du grand poète Alfred DesRochers (1901-1978), le père de Clémence. Ce document est déposé dans le Fonds Alfred-Desrochers, à Bibliothèque et Archives nationales du Québec à Sherbrooke, cote P6. Voir cette adresse pour l’accès direct au journal : http://pistard.banq.qc.ca/unite_chercheurs/Anq_Afficher_image?p_anqsid=99999999999999999&P_cote=P6&P_codedepo=05S&P_numunide=440&p_hauteur=869&p_largeur=1264

3 commentaires Publier un commentaire
  1. André Levasseur #

    M.Provencher, c’est un plaisir pour moi de vous lire quotidiennement Je voudrais savoir s’il était courant au siècle dernier de publier un article 4 ans après le décès de l’auteur. Edmond Lareau 1848-1890 et Les papiers de familles sont parus en 1894??

    29 janvier 2013
  2. Jean Provencher #

    Ah, cher Monsieur Levasseur, vous êtes fin observateur. En effet, quatre ans séparent le décès d’Edmond Lareau de la publication de ce texte. À quelques reprises, j’ai remarqué qu’on publiait le texte d’un auteur dans l’année qui suit son décès, pour lui rendre hommage, mais je n’avais jamais vu un hiatus de quatre ans. Et, ici, le texte de Lareau est échappé sans commentaire et sans référence aucune à une publication où il serait déjà paru. Sûrement que le journal partage l’avis de l’auteur. Mais est-ce un texte inédit obtenu d’un membre de la famille de Lareau ? Je ne peux dire.

    29 janvier 2013
  3. Et c,est moi qui ai hérité de tout ces petits bouts de papier… dont on se sait plus que faire mais que je conserve précieusement.
    La vie est ainsi faite !
    : 0

    31 janvier 2013

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