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Le « petit poisson des chenaux »

Il y aurait bien long à écrire sur la pêche au petit poisson des chenaux, il nous faudra donc y revenir. Chose certaine, voilà la pêche hivernale la plus attendue. Ce poisson, ne mesurant pas plus de 30 centimètres, fréquente les eaux du golfe du Saint-Laurent et de l’Atlantique, depuis la côte du Labrador jusqu’à la Virginie.

Appelé aussi loche, poulamon, petite morue, poisson des Trois-Rivières ou poisson de Noël, il remonte le fleuve Saint-Laurent par milliers dans le temps des Fêtes et vient frayer sur les fonds sablonneux, là où la marée cesse de se faire sentir. Si, au 19e siècle, il se rend jusqu’au lac Saint-Pierre, on le retrouve en 1900 de Trois-Rivières jusqu’à Québec. Alors, au moyen de cabanes disposées sur la glace sitôt que le temps froid le permet, on le pêche.

Remettons-nous en aujourd’hui à cette description d’une partie de pêche que nous offre le journal La Patrie le 8 janvier 1900. L’article s’intitule À Deschambault.

M. L. A. Côté, un des gérants de l’hôtel Riendeau, M. Louis V. Filteau, prote à la Patrie, M. J. A. Tessier, C. R. de Trois-Rivières et M. Arthur Méthot, conducteur de malles, du même lieu, sont partis, samedi matin de Montréal, pour aller faire une partie de pêche à la petite morue, à Deschambault, où demeure un grand nombre de pilotes parmi lesquels ils comptent presque autant d’amis. Les excursionnistes ont reçu l’accueil le plus empressé, et ils sont revenus enchantés de leur voyage.

Cette pêche qui se fait à cette saison à Deschambault pourrait faire le sujet d’une chronique fort intéressante, mais qui ne pourrait ne donner qu’une faible idée du plaisir qu’éprouvent ceux qui ont l’avantage de visiter l’endroit et de prendre part à la prise.

Les pêcheurs ont construit sur la glace du fleuve une multitude de cabanes toutes plus confortables les unes que les autres, et qui vues ensemble ont l’aspect d’un village en miniature. La pêche est bonne à la marée montante, et surtout à la marée de nuit. Lorsqu’elle arrive, qu’il soit tôt le soir, ou invraisemblablement tard, on voit au même moment envahir les cabanes et disposer leurs engins de pêche. Les lignes sont tendues en grand nombre au plafond des cabanes et de telle façon disposées que le poisson, en se prenant, donne lui-même le signal de le tirer. Les pêcheurs s’installent confortablement, se couchant parfois sur des canapés, autour du poêle, installé dans chaque cabane pour tempérer le froid, et, en devisant joyeusement, ils n’ont qu’à tirer les lignes où le poisson a mordu. Ils ont ainsi tout le plaisir de la pêche sans avoir les fatigues.

Après trois ou quatre heures, pendant lesquelles on a toujours fait une bonne prise, le reflux vient, et la pêche finit car le poisson ne mord plus. On reviendra la nuit suivante.

Cette saison de pêche dure trois ou quatre semaines.

La gravure ci-haut provient du journal Canadian Illustrated News du 10 avril 1880. Sur le petit poêle, à gauche, on voit le foie de porc dans lequel est planté un couteau, foie qui sert à appâter les lignes.

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