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La traversée du Saint-Laurent

Au début du 20e siècle, lorsqu’arrive décembre, les populations riveraines du fleuve en amont de Québec se mettent à rêver à la formation du pont de glace.  Déjà, on voit dériver quelques plaques de glace sur le Saint-Laurent.

Et les journaux du temps témoignent de cette préoccupation. Le Courrier de Sorel écrit le 29 novembre 1901 : D’immenses banquises de glace couvrent le fleuve, et si le froid continue, nous aurons un pont de glace entre Sorel et Berthier prochainement.

Une semaine plus tard, le même quotidien écrit : Pour la deuxième fois depuis huit jours, le pont de glace sur le fleuve entre Sorel et Berthier est formé, et solide cette fois-ci. Si le froid continue une couple de jours, mardi ou mercredi, la traverse sera balisée.

On espère le pont de glace, car il facilite tellement le voyagement d’une rive à l’autre. Toutefois, entre les villes de Québec et Lévis, le dernier pont à se former survient en 1898. Par la suite, des traversiers d’hiver, à coque renforcée — le Québec, le Pilot et le Polaris —, empêchent la formation du pont.

Voyez ce qu’écrit Le Soleil le 4 décembre 1902 : C’en est fait, la clôture de la navigation est maintenant chose pratique et l’on ne voit plus sur notre fleuve que les trois bateaux de passage de la Quebec & Levis Ferry Co., « Québec », « Pilot » et « Polaris », les deux premiers faisant le service des passagers et du fret entre Québec et Lévis, et l’autre, celui du Grand-Tronc. Ce matin, en traversant, après la tempête de neige d’hier, on a constaté l’apparition des premières glaces sur le fleuve. Elles sont encore très minces, mais petite glace deviendra grosse, pourvu que le froid lui prête vie. Les bateaux de l’île d’Orléans, de St-Romuald, le « Champlain » et les bateaux ruraux ont tous pris leurs quartiers d’hiver. Ce matin, le steamer du gouvernement « Aberdeen » est arrivé à Québec, venant d’en bas avec la dernière bouée. Bref, c’est l’hiver. La bordée de neige d’hier a fait de beaux chemins d’hiver. Les pompiers, à Québec comme à Lévis, sont très occupés aujourd’hui à mettre sur patins pompes à incendie, échelles, dévidoirs, etc., On peut s’attendre samedi prochain à un marché abondant, car les habitants sont anxieux d’étrenner les beaux chemins d’hiver et venir vendre leurs denrées qui commençaient à s’accumuler.

La ville de Québec rêve tout de même à un pont : celui reliant la ville à Sainte-Pétronille de l’île d’Orléans, car l’approvisionnement de ses marchés en dépend grandement, l’île d’Orléans étant, en quelque sorte, le potager de Québec. Et, le 9 décembre 1902, Le Soleil se réjouit de voir que ce pont se formera sans doute bientôt.

Le froid intense que nous avons depuis quelques jours a eu pour effet de faire prendre la glace entre Québec et l’Île. Jamais, de mémoire, nous n’avons été gratifié d’un pont de glace si à bonne heure. Hier, le 8 décembre, la glace était prise au Petit Pré, et ce matin nous constatons qu’une couche de glace vive recouvre le fleuve, depuis Ste-Pétronille jusque vers les Chutes Montmorency et au-delà.

Sursum corda. Bonne nouvelle. Nous aurons sans doute le pont plus tôt qu’à l’habitude.

5 commentaires Publier un commentaire
  1. Denis Bastien #

    Bien des gens ne le savent peut-être pas, mais encore aujourd`hui il y a des ponts de glace. Du moins, j`en connait deux. Celui de l`Ile d`Orléans, à la hauteur de l`Ange-Gardien. Et l`autre est à l`Isle Verte, à la hauteur de Cacouna Est. Ils sont surtout utilisés par les motoneigistes.
    De plus, en hiver à l`Isle Verte, les chemins ne sont pas déneigés. C`est un vrai voyage dans le temps, les gens utilisent leurs motoneiges, les raquettes, les skis et il y a même des vieux Snowmobiles B12 de Bombardier en fonction.
    Bonne journée :o)

    3 décembre 2011
  2. Gilles Turcotte #

    En 1953 je me rappel savoir fait la traverse a pied en noisseure de Sorel Berthier sur la glace

    4 avril 2020
  3. Jean Provencher #

    Ô la la ! Vous étiez bien jeune et fort audacieux !

    4 avril 2020
  4. Fernand Grenier #

    Au Petit Séminaire de Québec, au début des années 194o, il était de tradition d’effectuer la traversée du fleuve entre Québec et Sainte-Pétronille. On nous fournissait les raquettes, chaussures et bas la laine d’une bonne épaisseur. Ces excursions rassemblaient une vingtaine d’éléves pensionnaires les jours de congé de janvier et de février. J’ai souvenir d’avoir fait cette traversée par temps particulièrement froid et venteux. Au contact de la glace, la chaussure avait tendance à se mouiller ce qui pouvait être dangereux pour les engelures. Aussi fallait-il apprendre à soulever les raquettes plutôt que les traîner sur la glace. L’hiver avait ses charmes!

    Fernand Grenier
    .

    5 avril 2020
  5. Jean Provencher #

    Ô que j’aurais aimé, cher Fernand, être à votre place. Et, tout de suite, me vient en tête le si beau tableau de Clarence Gagnon, Le Pont de glace, l’une des quatre premières œuvres achetées par le gouvernement du Québec en 1920, le départ de la collection actuelle d’œuvres d’art du Musée national des Beaux-Arts du Québec, une œuvre nuancée, d’une grande finesse, d’une beauté achevée.

    Je vous envie, vraiment, d’avoir pu traverser ainsi, même s’il vous fallait soulever les raquettes plutôt que les traîner sur la glace. Chanceux que vous étiez !

    5 avril 2020

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