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Le Prix Gérard-Morisset

Les noms des lauréats des Prix du Québec pour l’année 2011 furent dévoilés à Montréal, lors d’une conférence de presse, le 31 octobre dernier. J’étais fort heureux de me retrouver détenteur du Prix Gérard-Morisset. Quelle magnifique reconnaissance de mes divers travaux en histoire depuis plus de 40 ans. Ces Prix furent remis au Salon rouge de l’Hôtel du Parlement, à Québec, mardi dernier, le 8 novembre.

Or, depuis le dévoilement du 31 octobre, des gens me demandent «Qu’attendez-vous pour l’annoncer sur votre site ? » Je résistais, chers amis, car l’auto-promotion m’agace. C’est Marguerite Yourcenar qui, je crois, avait déclaré un jour quelque chose comme : « Allez, marchons, ne nous attardons pas, nous aurons toute l’éternité pour nous reposer. » Chère Margot.

Mais voilà. Je cède. Sortez les trompettes. Non, non, je blague. Écoutez, nous allons faire quelque chose. Je vous livre ici le texte de présentation de la ministre de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, Madame Christine Saint-Pierre, le 8 novembre, à la remise du Prix, suivi de celui de ma courte allocution. Vous l’aurez voulu.

Chercheur chevronné, écrivain doué, créateur inspiré, expert-conseil respecté, pédagogue apprécié, érudit consommé, conférencier recherché, animateur passionné, vous êtes certainement, cher monsieur Provencher, notre historien le plus diversifié.

Avec la fougue dont vous ne vous départez jamais, vous avez su communiquer votre passion de l’Histoire au plus grand nombre.

Conteur de haut lignage nordique, vous nous avez réconciliés avec notre climat, en nous révélant que, lorsque nous éprouvons une joie enfantine à la vue d’une tempête de neige et que nous sommes envahis d’un lyrisme plein de sève aux premiers bourgeons, nous révélons que nos quatre saisons sont d’intenses marqueurs identitaires pour tous les Québécois.

Amant de la nature et de la magnificence de nos paysages, vous êtes aussi un infatigable promeneur urbain solitaire à qui pas un détail intéressant, insolite ou révélateur n’échappe.

Vous nous avez fait  prendre conscience que, sans l’évocation de ceux nous ont précédés sur ce territoire, notre nation serait sans  mémoire, sans identité et dénuée de personnalité.

Pour nous avoir enseigné que notre histoire est une grande aventure commune à laquelle chacun de nous, sans exception, participe.

Pour ce talent de vulgarisateur qui rend leur noblesse à ces ancêtres ayant fait du Québec d’aujourd’hui une société fière de son passé, de sa culture et de ses traditions.

Pour avoir, dans une œuvre abondante, savante et clairvoyante, apporté une contribution inestimable à l’histoire et au patrimoine du Québec.

Recevez, cher Jean Provencher, le Prix Gérard-Morisset.

* * * * *

Chers amis,
Obtenir ce prix, c’est être porté.
Porté comme on porte un enfant dans ses bras.
Porté par les miens, ceux de mon pays.
Ça me rend fort heureux.

Fort heureux, parce que c’est une belle grande reconnaissance,
à laquelle, pour être franc, je ne croyais pas.
J’ai bien tenté de décourager mon cher ami François
au départ du dossier à mon sujet.
Car mon parcours est tellement peu classique.

Travailleur autonome en histoire.
Chien pas de médaille, bâtard, métis, half-breed, sang mêlé.
C’est se placer dans des situations souvent impossibles.

Ce fut difficile.
Mais dieu que je regrette rien.
J’ai fait le choix de la variété, de la couleur.
Que d’avantages !

Fort heureux pour mes chers enfants, Sébastiou et Manou,
qui ne portent plus à terre.
J’ai dû les retenir pour ne pas qu’ils envoient la nouvelle sur Facebook avant le temps, qu’ils respectent l’embargo.

Fort heureux pour mon ouvrage
Les Quatre Saisons dans la vallée du Saint-Laurent.
De toutes mes publications mon enfant chéri,
dont les Éditions du Boréal prennent soin depuis 31 ans maintenant. C’est bien rare dans le monde de l’édition qu’un livre soit porté pendant 31 ans par un éditeur. Hommage au Boréal.

J’aurais tant de remerciements aussi.
À François Béland et sa chère Monique Cormier qui ont monté le dossier.
Aux personnes qui ont appuyé ma candidature.
Au jury également, audacieux.
Ça prenait un jury audacieux, j’en suis certain.
Aux donneurs d’ouvrage aussi, au fil du temps.
«Ah, y’aurait peut-être Provencher qui pourrait s’attaquer à cela
Et nous devenions des complices dans la réalisation d’études, de recherches.

Merci à mon grand maître, l’historien Jean Hamelin décédé en 1998.
De 1964, à mon tout premier cours à l’université, jusqu’à son décès,
cet homme m’a accompagné, stimulé, appris à travailler
et à soigner ma langue.
Je l’entends encore me dire à notre première rencontre :
«Si tu veux écrire, lis et lis. Et ne lis que de grands auteurs,
le temps presse. Nous apprenons à écrire en lisant
Il m’a toujours encouragé dans mes originalités,
«Vas-y, fais ta fleur, fais ce que tu es, ne me copie pas
Jusqu’à la fin, il fut pour moi, le feu, le foyer toujours allumé.
Cher Jean Hamelin.
Dieu qu’il fut beaucoup de ce que je suis.

Et, vite vite vite, avant que nous nous laissions, juste un mot sur le patrimoine, car c’est le grand Prix du patrimoine du Gouvernement du Québec, ce Prix Gérard-Morisset.
Je me rappelle un temps, durant les années 1980,
où même le mot patrimoine était ringard,
même à l’intérieur du ministère de la Culture,
au 225 Grande-Allée.

Le patrimoine est majeur, les amis.
Il assure toutes les possibilités de se structurer.
Avant l’échafaudage, il faut la prise au sol.
Et le patrimoine est la prise au sol. Il assure. Il rassure également.
Il permet de retrouver et confirmer la filiation.
Il protège contre le sentiment d’être perdu.
Il inclut la langue, il va sans dire,
et ce qu’elle porte comme culture d’une communauté.
Et j’aime beaucoup ce qu’évoque Châteaubriand au sujet des Indiens, errants dans les déserts des États-Unis, qu’il a rencontrés, absolument sans avenir maintenant depuis notre arrivée sur le continent, qui ne portent plus sur eux que quelques os de leurs ancêtres. Ces os les protègent contre le sentiment d’être perdus infiniment.

Un dernier mot pour ma mère, toujours là, à 92 ans.
Elle nous répétait sans arrêt,
à nous de condition tellement modeste :
«Soyez fiers, les enfants. Soyez toujours fiers.» Chère mère.

Je vous remercie.

Je vous signale qu’aujourd’hui même, le journal Le Devoir, propose un cahier spécial sur les Prix du Québec qui consacre une page à chacun des lauréats.

Demain soir, dimanche, le 13 novembre, de 19h. 30 à 21h. 30, sur le Canal de l’Assemblée nationale, il y a rediffusion de la cérémonie de remise des Prix du Québec tenue le 8 novembre dernier à l’Hôtel du Parlement.

Source de l’illustration coiffant cet article : Rémy Boily – Gouvernement du Québec – Prix du Québec.

La photographie ci-bas de mon cher maître Jean Hamelin apparaissait dans le journal Le Soleil, du 17 mai 1998, à l’annonce de son décès.

Mon maître

29 commentaires Publier un commentaire
  1. josee jacinthe #

    Félicitation monsieur Jean Provencher.

    un prix parfaitement mérité et, à la lecture du texte de présentation, remis avec discernement, sensibilité et reconnaissance. je n aurais pas pu dire mieux, plus vrai.

    c est bien de le partager avec nous ici; c est aussi une belle nouvelle pour tous les amoureux de notre histoire. il est légitime que vous soyez fier de votre accomplissement, celui de toute une vie, d autant plus qu il sert a la collectivité: merci d avoir rendu notre histoire aussi vivante et présente.

    12 novembre 2011
  2. Jean Provencher #

    Merci, chère Vous.

    12 novembre 2011
  3. Mario Gervais #

    Chapeau bas, cher Jean..!
    Assume, tord-yeux..!
    Tu as travaillé pour… Et c’est fort bien mérité…!!!
    Toutes mes félicitations, amicalement,
    Mario

    12 novembre 2011
  4. Denis Jobin #

    Mon cher Jean Provencher,

    Comme je suis heureux et fier de la récompense qui t’est offerte. Heureux parce que cette reconnaissance tu la mérites et fier parce que ton approche de l’histoire, de la culture en général en est une pédagogique et accessible. Cette façon bien à toi de regarder le monde par la lunette parfois à l’endroit souvent à l’envers, s’apparente au structuralisme de Claude Lévis-Strauss et me fait dire que tu observes avec la même attention le secondaire et le primaire.

    Merci et bravo.

    Cap-Santé

    12 novembre 2011
  5. Jean Provencher #

    Merci, cher Mario, merci, cher Denis. Vous êtes adorables.

    12 novembre 2011
  6. Yves #

    Félicitation Jean.

    Cette distinction vous la méritez pleinement…Dégustez-la!

    Votre oeuvre est Colossale, résultat du travail acharné d’ un défricheur du temps, d’ un dépoussiéreur de notre passé si riche et si inspirant. L’ historien que vous`êtes est officiellement entré dans L’ histoire.

    Bravo cher voisin.

    13 novembre 2011
  7. Jean Provencher #

    Hé, merci, cher Yves. On s’fera des becs lorsqu’on se verra. Beau dimanche.

    13 novembre 2011
  8. cécile gagnon #

    je te l’ai déjà écrit, mais je le dis encore: Bravo!
    J’aime: le patrimoine est majeur, les AMIS.

    Tu as eu un mentor, moi aussi. C’est toi!

    Gros bisous.

    13 novembre 2011
  9. Jean Provencher #

    Merci, chère Cécile. Et ne lâche pas, toi non plus. Je le sais bien, nous prenons de l’âge, nous en avons plus derrière nous que devant. Mais faut tenir ! Persister ! Défier ce temps qui passe !

    13 novembre 2011
  10. Bertrand #

    Un petit mot pour te dire bravo Jean… Pour le prix, l’ensemble de ta vie…et aussi ce blog toujours passionant..
    Amitiés

    Bertrand

    13 novembre 2011
  11. Jean Provencher #

    Merci beaucoup, cher Bertrand.

    14 novembre 2011
  12. Frédéric Smith #

    Les paroles s’envolent et les écrits restent, semble-t-il. Alors après t’avoir transmis mes félicitations de vive voix, les voici portées par la postérité virtuelle.

    Bravo cher Jean. C’est tellement mérité. Tes propos sur le patrimoine, ils me guideront désormais. La tête dans les nuages, mais les pieds ancrés au sol.

    Amitiés,

    Frédéric

    14 novembre 2011
  13. Jean Provencher #

    Merci, si cher complice de toujours.

    14 novembre 2011
  14. Vive l’auto-promotion, sans laquelle je n’aurais pu m’émouvoir de votre si inspirant parcours. Ces temps-ci, je lis peu les journaux, regarde peu la télé… c’est donc grâce à vos Quatre saisons que je puis franchement goûter à toute cette fierté partagée !

    ami-calmant ;)

    14 novembre 2011
  15. Jean Provencher #

    Merci infiniment, chère Karo. Pour tout vous dire, je souhaite que ce site interactif soit un foyer, un lieu de partage, d’échanges, de découvertes mutuelles, un lieu de repos dans le calme et la tendresse.

    14 novembre 2011
  16. alain gaudreault #

    Mille félicitations pour votre prix!Mille fois mérité!

    14 novembre 2011
  17. Jean Provencher #

    Merci, cher Alain.

    14 novembre 2011
  18. claude lamontagne #

    bravo mille fois bravo. claude.

    14 novembre 2011
  19. Jean Provencher #

    Merci, mon cher Claude.

    14 novembre 2011
  20. Huguette Filteau #

    Cher Jean,
    J’avais déjà été bien émue de lire tes propos sur Jean dans un article du Soleil le 1er novembre dernier et je suis à nouveau bien touchée par ton attachement pour ton « cher maître ». D’une certaine façon, vous continuez à travailler ensemble puisque la Brève Histoire du Québec est toujours d’actualité et rappelle votre belle complicité. Je suis très heureuse qu’on ait reconnu ta contribution à l’histoire du Québec et je ne doute pas qu’il y a en un autre qui l’est aussi.
    Avec toute mon amitié.

    15 novembre 2011
  21. Jean Provencher #

    Merci infiniment, chère Huguette.

    15 novembre 2011
  22. Jean Provencher #

    Merci, cher Jacques. Faut pas lâcher.

    16 novembre 2011
  23. Edna Souza #

    Merci à tes autres admirateurs qui t’ont convaincu de rendre publics quelques détails de la cérémonie du 8 novembre. Ainsi, j’ai pu y participer un peu même en étant à 10 000 km de notre Québec. Encore une fois je rejoins le choeur pour te dire Bravo, Parabéns!

    Edna. Do Brasil

    17 novembre 2011
  24. Jean Provencher #

    Merci encore, chère Edna. Tu écris quand tu veux. Do Brasil. Ou de Québec, lorsque tu seras de retour.

    17 novembre 2011
  25. Gilles Ouimet #

    Cher Jean, Je te félicite de tout mon coeur.
    La ministre a trouvé les mots justes pour ce vibrant homage et tu peux être très fier sans aucune retenu. Et qu’elle bonne idée de partager avec nous ces moments en publiant ta touchante allocution.

    Bravo!
    Gilles

    21 novembre 2011
  26. Jean Provencher #

    Merci infiniment, bien cher Gilles.

    21 novembre 2011
  27. Gilles Ouimet #

    hommage

    21 novembre 2011
  28. Jeanne Gravel #

    Félicitations Jean Provencher
    Je garde un beau souvenir des moments où tu venais à la maison, sur la rue Marie-Leneuf…
    Bonne continuation!

    Jeanne Gravel

    26 décembre 2011
  29. Jean Provencher #

    Hé, chère Jeanne, quelle belle surprise en ce lendemain de Noël ! Tu me rappelles de bien beaux souvenirs, fort variés, dont les longues placotes avec ton père, ce cher Arthur, alors que nous mangions des toasts, la nuit, pendant que ta mère Cécile dormait. C’est ton père alors qui m’a fait monter en amour avec le journal Le Devoir. Et toujours j’y suis amoureux. La presse libre, la presse indépendante, qui nous offre souvent de l’info que nous ne trouvons nulle part ailleurs. Une presse bien intelligente.

    26 décembre 2011

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