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Quelle humanité !

Les cirques américains, dans leur tente dite Side Show, ont toujours pris plaisir, pendant de nombreuses années, à exhiber des phénomènes exceptionnels de la nature. Ainsi Barnum a promené longtemps une femme à barbe originaire de la Virginie.

Et voici que la dame meurt de la tuberculose en octobre 1902. Le journal montréalais La Patrie, du 24 octobre nous raconte sa vie.

La femme à barbe de Barnum, qui a exhibé ses favoris jusque dans les plus petits villages de l’Amérique et dans toutes les villes du monde civilisé, est morte de la tuberculose à son domicile, 187 Cornelia Street, Williamsburg.

Jamais enfant arrivant à l’âge d’homme avec un léger duvet sur la lèvre supérieure, jamais vieux brave à la barbe hirsute ne fut plus fier des dons de la nature à ce point que la femme à barbe de Barnum qui, pendant la plus grande partie des 37 années qu’elle a vécu, s’est fait gloire de ses favoris si abondants que peu d’hommes peuvent se vanter de les avoir égalés.

Dans la vie privée, la femme à barbe s’appelait Mme Annie Donovan. Elle vint au monde dans un petit village perdu au fond de la Virginie, où sa naissance causa une grande émotion. L’enfant avait en effet des moustaches à son entrée dans la vie, et un tel bruit se fit autour du phénomène nouveau-né qu’un agent de Barnum qui parcourait le monde en quête d’une originalité en entendit parler, vint la voir et obtint de ses parents l’autorisation d’exposer l’enfant aux regards curieux des masses populaires.

Il l’amena à New-York et, quand la petite fille atteignit l’âge de neuf mois, Barnum, qui faisait alors son boniment lui-même, commença à énumérer les merveilles de son phénomène devant la foule qui l’écoutait, bouche bée, dans son musée, au coin de Broadway et d’Ann Street. Il tenait l’enfant dans sa main, la présentait aux assistants et, dit la chronique, la barbe du bébé était déjà si longue qu’elle couvrait les doigts de Barnum. Ce fut d’ailleurs avec lui que la femme à barbe passa toute sa vie de phénomène. Il la louait cependant quelquefois à d’autres musées de curiosités, mais ne l’abandonnait jamais.

Dans le dernier voyage que la troupe de Barnum fit en Europe, la femme à barbe remporta un succès sans précédent, surtout en Espagne où les favoris sont si appréciés, même sur les visages féminins, et où jamais l’on n’avait vu une femme posséder une si belle barbe de sapeur.

Ce voyage, d’ailleurs, s’il flatta sa vanité professionnelle, fut désastreux pour sa santé, car c’est en Europe qu’elle contracta la maladie qui vient de l’emporter.

Elle a exprimé avant de mourir le désir d’être enterrée avec les favoris qui ont fait sa gloire et son dernier vœu sera respecté. Elle était la seconde fille d’une famille de douze enfants, dont aucune ne présentait de particularité remarquable.

Source de l’illustration : http://en.wikipedia.org/wiki/File:Annie_Jones.jpg

 

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