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La Saint-Michel (29 septembre)

En France, bien avant l’existence de la Nouvelle-France, la Saint-Michel (29 septembre) est consacrée aux affaires. Lors de la signature d’un contrat, il est fréquent qu’on choisisse cette date en guise de début ou de terme à l’entente. En Nouvelle-France, des seigneurs maintiendront cette tradition et prendront l’habitude de réclamer à leurs censitaires le paiement du cens et des rentes chaque année à la Saint-Michel. Au 17e siècle, un fermier qui loue une terre à bail prend possession de son habitation généralement à la Saint-Michel. Mais ce n’est pas là une date commode dans la vallée du Saint-Laurent. L’habitant qui s’amène se trouve alors plongé dans une situation où tout a été défini, puis laissé en plan par son prédécesseur. À lui maintenant de s’accommoder, d’achever les récoltes, de labourer les terres, de préparer la maison pour l’hiver. C’est pourquoi, dès le début du 18e siècle, le fermier préfère prendre demeure à la fin de mars plutôt qu’à la Saint-Michel. De même, il pourra prétendre mener la tâche à sa guise, du début à la fin, du printemps à l’automne, en comptant bien sûr avec les éléments.

Il n’empêche qu’on retrouve encore des mentions de la Saint-Michel dans la documentation. Au 19e siècle, par exemple, dans la Beauce, ce n’est pas avant les années 1880 qu’elle sera remplacée par la Toussaint à titre de journée consacrée aux affaires.

Chose certaine, jusqu’au 20e siècle, il existe des terrains libres et publics, où il est permis de faire paître les animaux en commun durant un certain temps de l’année. C’est le terrain de la commune, prévu par le régime seigneurial. Il s’agit souvent d’un lieu bordant le fleuve ou une rivière, qui, inondé au printemps, s’enrichit d’un limon donnant l’été une herbe plus grasse. Aussi, en mai, bêtes à cornes, cochons, moutons et chevaux commencent à défiler vers leur lieu estival de paissance.

À la Saint-Michel, les terrains communaux ferment. Le temps est venu de rentrer les animaux. Le jour arrivé ou le lendemain, les habitants se présentent pour récupérer leurs bêtes. Habituellement, tout se déroule dans l’ordre. Mais imaginez le fouillis là où on a omis de marquer le bétail.

J’ai consacré cinq pages à la commune dans mon ouvrage Les Quatre Saisons dans la vallée du Saint-Laurent.

L’image magnifique de la commune de Berthier apparaissant ci-haut est extraite du blogue de Salmo52, sensible, se dit-il, aux questions d’environnement et de politique. Voir son site internet à l’adresse : http://salmo52.blogspot.com/2007_07_15_archive.html

 

3 commentaires Publier un commentaire
  1. Pierre M. #

    Mon père, à Saint-Michel-de-Bellechasse, disait qu’un bon cultivateur avisé ne devait pas laisser ses vaches pacager au champ après la Saint-Michel. Si on voyait des vaches à l’extérieur en octobre, c’est que leur propriétaire était négligent.

    29 septembre 2011
  2. Jean Provencher #

    Ah, j’aime beaucoup, cher Pierre, ces façons perdues de structurer le temps d’une année. Mais dis donc, les vaches en pacage, nous en trouvons joyeusement dans les champs même en octobre. J’arrive à l’instant de faire la vieille route vers ma maison de campagne. Et elles sont présentes partout. D’ailleurs, cela me réjouit toujours qu’on ne pratique pas ici, comme dans d’autres régions du Québec, la stabulation permanente. Je crains qu’un jour, même à nos hauteurs, plus aucune vache ne soit visible, diable.

    29 septembre 2011

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  1. Les cornichons | Les Quatre Saisons

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