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À quand la surveillance des parcs à Montréal ?

Apparence qu’il faut choisir son parc à fréquenter à Montréal tant que la surveillance policière ne sera pas plus importante. Dans un éditorial, le 31 août 1906, le journal La Presse passe en revue les parcs de la ville et seul le parc La Fontaine, créé en 1874, trouve grâce à ses yeux.

Nous ne possédons que fort peu de parcs publics, écrit-on. Par rapport à sa superficie, la ville de Montréal est moins bien partagée que les villes américaines de la même importance et surtout que les villes européennes. Cependant, avec le peu d’étendue mis à notre disposition, il est encore possible de faire des merveilles; le parc Lafontaine le prouve. Mais ce n’est pas pour adresser des compliments à la Commission ni à l’habile surintendant des Parcs que nous attirons l’attention des lecteurs sur les parcs.

Il y a une autre question : celle de la surveillance. Un important fonctionnaire de la police, à qui nous en causions récemment, nous faisait remarquer que le public pour qui les parcs ont été établis ne s’en sert pas ou presque pas. Le square Viger, le parc Bellerive, l’île Sainte-Hélène et la partie basse du Mont-Royal sont fréquentés par une classe d’individus qu’on préfère ne pas rencontrer quand on possède une montre et quelques sous dans sa poche.

L’été surtout, ces lieux de récréation et de délassement sont envahis par tout ce que le port nous amène de rats de cale et d’immigrants involontaires. Nous avons été, dimanche dernier, à l’île Sainte-Hélène. C’était presque un pèlerinage, car nous n’avions pas visité l’Île depuis dix ans. Quel changement ! À la place des anciens pique-niques joyeux de familles ouvrières, on voit maintenant des groupes de filles et de souteneurs, un tas de gens qu’on évite le soir et qui ne sont guère rassurants en plein jour. Le langage qui y est entendu n’est certainement pas celui qu’on aime à faire écouter à des enfants. Au square Viger, c’est encore pire. Là, les pierreuses s’en donnent à cœur joie et certains individus y ont établi des quartiers généraux où l’on ne discute rien de bon.

Il y a deux ans, la police opéra une rafle à cet endroit et amena devant les tribunaux quelques-uns des habitués. Cela ne servit pas à grand chose; on ne put rien prouver contre eux et ils furent mis en liberté, un peu plus dangereux, assurés qu’ils semblaient de l’impunité.

Il serait temps que la surveillance des parcs fut mieux organisée. Pour les Canadiens-français, il n’existe guère que le parc Lafontaine où l’on ne puisse aller sans crainte de rencontrer des voyous, et encore. La surveillance, toute vigilante qu’elle soit, n’est faite que par deux constables et la bonne tenue de ce parc est plutôt due à ses environnements qu’à la police qui y est faite.

La Commission des Parcs et celle de la Police devraient s’entendre à ce sujet.

Le journaliste parle de pierreuses au square Viger, un mot aujourd’hui disparu. Le Petit Robert de la langue française dit que, créé en 1807, ce mot désigne des prostitués traînant sur les chantiers, racolant dans la rue.

L’image nous montre le lac du Parc La Fontaine.

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