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L’enfant prodigue

le cirque, la solidarite

Comme hier, ça se passe à nouveau dans le faubourg Saint-Jean à Québec, cette fois-ci le 10 mai 1900. Au début du 20e siècle, grâce aux chemins de fer, plusieurs cirques américains visitent l’Amérique. Bien sûr, l’un ou l’autre de ces cirques arrive au Québec à un moment donné entre les mois de juin et de septembre. Les bambins, aux yeux bien grands, sont émerveillés. Certains ados, eux, en mal de changement dans leur vie, peuvent se prendre à rêver d’être happés par le cirque, de partir sur cette route d’errants avec les bêtes fauves, les chiens savants et les bouffons. C’est bien ce qui est survenu ici.

Le journaliste de La Patrie raconte ce fait. «On a tué le veau gras dans une famille du nom de Marcoux, au faubourg Saint-Jean, hier. Il y a un an, l’un des enfants, un garçon d’une quinzaine d’années qui ne voulait pas fréquenter l’école, malgré les remontrances de ses parents, disparaissait, et le père, qui se reprochait avec amertume de s’être montré si sévère pour lui, allait en mourir de chagrin, lorsqu’heureusement, avant-hier soir, le disparu, que l’on regrettait tant, est revenu au bercail, à la grande joie de ses parents. Le jeune Marcoux a mené une vie d’aventures pendant un an. Il est allé d’abord à Montréal et a fini par s’engager dans une compagnie de cirque qu’il a suivie pendant toute l’année dans ses pérégrinations. Le voyage paraît l’avoir vieilli de plusieurs années sous le rapport de l’expérience.»

Ce court texte est merveilleux; il dit tout, mais ne dit rien. La grande joie des retrouvailles bien sûr, mais quelle fut donc la vie menée par ce jeune Marcoux? L’homme fort Louis Cyr, qui a travaillé pour un temps dans un cirque, est l’un des rares Québécois à avoir témoigné de la vie de cirque américain. Selon lui, il n’y a pas travail plus difficile. Et le journaliste de La Patrie, avec la plus fine pudeur, échappe cette phrase imparable qui nous donne à tout imaginer de ce que dut être la vie de Marcoux: Le voyage paraît l’avoir vieilli de plusieurs années sous le rapport de l’expérience. Quelle belle chute!

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