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Articles de la catégorie ‘Les faits vraiment significatifs’

Ils découvrent la neige.

Hier, quand je suis arrivé à 11 heures 10, ce chaton, adorable, est venu me saluer immédiatement.

J’ai noté au fil du temps plusieurs passages çà et là sur la création, l’étonnement, le sens du merveilleux et de la découverte.

James Gleick est journaliste scientifique au New York Times. C’est durant les années 1970 que des scientifiques français et américains commencent à explorer le chaos. Ce livre de Gleick est devenu un best-seller aux États-Unis et a été traduit en onze langues.

Voici quelques passages dans cet ouvrage. Par exemple, on croit que l’ouragan est par définition une tempête de dimension donnée. Mais cette définition, ce sont les gens qui l’imposent à la nature. En réalité, les météorologues prennent actuellement conscience que, depuis le tourbillonnement des papiers au coin d’une rue jusqu’aux systèmes cycloniques visibles de l’espace, le désordre qui agite l’atmosphère forme un continuum. Les catégories ne fonctionnent plus. Les extrémités de ce continuum forment un tout avec son milieu. Page 143.

Arrêtons-nous sur la notion de fractal. Le fractal est synonyme d’une manière de décrire, de calculer et de penser des formes irrégulières et— fragmentées, déchiquetées et disloquées —depuis le contour cristallin des flocons de neige jusqu’aux poussières discontinues des galaxies. Une courbe fractale implique une structure organisatrice dissimulée à l’intérieur de la complexité monstrueuse de ces formes. Page 150s.

Dans les recherches, on s’est rendu compte que la nature contenait des formes — non des formes visibles, mais enfouies dans la structure du mouvement — qui attendaient d’être révélées. Page 156.

Vous observez des êtres humains en interaction et vous en tirez certaines conclusions. Étant donné la masse énorme d’informations dont disposent vos sens, comment votre décodeur parvient-il à l’ordonner ? Il est évident — ou presque — que le cerveau ne dispose pas de copies conformes du monde extérieur. Il ne contient pas une bibliothèque de formes et d’idées avec lesquelles comparer les images fournies par la perception. L’information est stockée avec une certaine flexibilité qui autorise des juxtapositions fantastiques et des sauts d’imagination. Le cerveau semble avoir plus de souplesse que la physique classique pour discerner l’ordre dans le chaos du monde. Page 209.

James Gleick, La théorie du chaos. Vers une nouvelle science, Flammarion, 1991, 433 pages. Un livre bien intéressant.

J’ai noté au fil du temps plusieurs passages çà et là sur la création, l’étonnement, le sens du merveilleux et de la découverte.

Vous trouverez cette photographie d’Albert Einstein prise en 1904-1905 sur la page de Wikipédia qui lui est consacrée. Et voici.

« Einstein, paradoxalement, invente peu. Il met le doigt sur le défaut — souvent une incompatibilité légère, mais certaine, entre deux développements théoriques. Il réarrange tranquillement les morceaux du puzzle, tout s’emboîte, merveilleusement, et la vérité déconcertante apparaît. »

Maurice Arvonny, , Ce qui a changé en 1905, Le Monde (Paris), 14 mars 1979.

J’ai noté au fil du temps plusieurs passages çà et là sur la création, l’étonnement, le sens du merveilleux et de la découverte.

Voici l’historien, anthropologue et journaliste Emmanuel Todd, né à Saint-Germain-en-Laye le 16 mai 1951. Vous pouvez le retrouver à une page Wikipédia à son nom.

Critiquant l’ouvrage de Lewis S. Feuer, Einstein et le conflit des générations, Emmanuel Todd écrit : « Feuer met l’accent sur un point capital lorsqu’il souligne les fondements infantiles de la curiosité scientifique. Einstein donnait lui-même une explication à sa découverte : « L’adulte normal ne se casse jamais la tête au sujet des problèmes d’espace et de temps. À son sens, tout ce qu’il faut penser à ce propos a déjà été élaboré dans sa petite enfance. Mais moi je me suis développé si lentement que je n’ai commencé à m’interroger sur l’espace et le temps que quand j’étais déjà adulte. En conséquence, j’ai creusé le problème plus à fond que ne l’aurait fait un enfant ordinaire. »

Le Monde (Paris), 17 novembre 1978.

En voilà un qui se plaît dans la fenêtre ensoleillée.

Jean Onimus (1909-2007), professeur français, écrivain, spécialiste de Charles Péguy, frappe fort. J’aime ses réflexions. Le voici dans son ouvrage L’écartèlement, paru en 1979. Un passage.

Les hommes n’ont jamais eu de raisons de vivre. Je veux dire de raisons objectivement indiscutables. Ils n’ont vécu que d’espoir, d’illusions, de croyances dont le fondement ne saurait être établi en vérité. Mais ce qui, jadis, pouvait contenter des consciences moins exigeantes n’est plus acceptable. L’écartèlement se situe à ce niveau où l’instinct apporte sa vérité, une vérité d’un autre ordre et qui n’a pas cours dans le monde des vérités établies : l’écartèlement est d’autant plus atroce que ces « vérités » de l’instinct sont éminemment suspectes et ont causé dans le monde (y cause encore) d’effroyables dégâts. Faut-il donc ouvrir la porte à ce troupeau sauvage, hirsute, répugnant, des mythes, des idéologies devenues folles, des instincts collectifs ? (…)

Je ne sais si je réussis à faire sentir ce qui, depuis plusieurs années me trouble et je me demande si je suis seul à éprouver un tel écartèlement. Car de cette crise personne ne parle, comme si on refoulait l’évidence. Nous continuons instinctivement à honorer des valeurs que la réflexion critique a depuis longtemps démonétisées. Nous vivons deux vies et nous ne paraissons pas sensibles à ce qui les sépare. L’animal et le théoricien font bon ménage ; vie et réflexion coexistent alors que tout les oppose.

Une telle cohabitation est-elle durable ? N’est-elle pas dangereuse et fragile, vouée à quelque effondrement quand le robot et le sauvage se sépareront en brisant cette coquille vide qu’on appelle encore l’humanisme ? Prenons garde !

Mais,

« A chaque fois que je respire

Mon souffle est un bélier contre Babel»

prophétise Pierre Emmanuel. La vie, oui, le souffle de la vie finira bien par l’emporter : il a emporté de si formidables obstacles ! Mais quelle vie ! Et dans quel climat de désastre ?

Jean Onimus. L’écartèlement. Supplice de notre temps. Éditions Desclee de Brouwer, 1979, page 98s.

Le chat magnifique a trouvé un bel endroit pour dormir : la chaise près du poêle.

Il n’y a pas de bagarre sur les endroits que les chats aiment.

Le chaton magnifique est dans une des litières.

Les chats sont très propres.

J’aime bien Arthur Koestler (1905-1983), romancier, journaliste et essayiste hongrois, naturalisé britannique. J’aime beaucoup L’étreinte du crapaud, Le démon de Socrate, Le cheval dans la locomotive et Les racines du hasard. Sa grande œuvre dans le monde des essais est Le cri d’Archimède. Ce livre de plus de 450 pages ouvre des lumières sur « Qu’est-ce que la création ».

Échappons un premier passage. Nous ne pourrons tout mettre. Donnons-lui la parole à la page 73.

En disant de la découverte qu’elle est un art affectivement « neutre», je n’entendais pas par neutralité l’absence d’émotions — qui équivaudrait à l’apathie — mais ce mélange sublimé et équilibré de motivations dans lequel l’égotisme est utilisé, mis au travail, et dans lequel, d’autre part, les spéculations hardies sur les mystères de la nature doivent se soumettre aux rigueurs de la vérification objective.

Nous verrons que la manifestation des émotions au moment de la découverte revêt deux aspects, qui reflètent cette polarité de motivations. Il y a l’explosion triomphale de la tension soudain inutile puisque le problème est résolu — et l’on saute du bain, on court dans la rue en criant : Eurêka! Il y a aussi la chaude lumière qui s’assombrira lentement, la longue purification des émotions transcendantales au moi : la calme et voluptueuse contemplation de la vérité découverte, plaisir étroitement apparenté à celui de l’artiste en présence de la beauté.

L’Eurêka! est l’explosion des énergies qui doivent nécessairement trouver une issue puisque le motif de leur mobilisation n’existe plus; la réaction purificatrice est le déploiement intérieur d’une sorte de « sens océanique », suivi de son lent reflux. Le premier vient de ce que la découverte a été faite par « Moi »; la seconde, de ce qu’une découverte a été faite, une fraction de l’infini révélée. Le premier tend à provoquer un état d’agitation physique apparente au rire; la seconde tend à la quiétude, à l’apaisement, parfois à de paisibles larmes.

Arthur Koestler, Le cri d’Archimède. L’art de la découverte et la découverte de l’Art, Paris, Calmann-Lévy, 1965, p. 73.