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Articles de la catégorie ‘La beauté’

Le jeune chaton est passablement haut.

Un chaton dans les croquettes.

Le chaton sur la tablette au-dessus de l’évier.

Le chaton magnifique sur la table.

Un chaton vraiment prêt à sortir.

À mon arrivée, à 10 heures 10, il y a foule pour me voir arriver. Tous les chats sont dans la maison.

Ce cher Satprem conclut que nous arrivons à une véritable conscience.

Plus temps de s’évader, plus temps de chercher dans l’extérieur des choses, dans les temples séniles, les Écritures, mais de transmuer tout. Plus temps d’inventer des systèmes, encore des systèmes, encore des évangiles, mais de rassembler toutes nos forces et de lancer notre foi très haut, comme un harpon de lumière pour crever le ciel de suie — et tirer un Rayon d’or qui change la face des choses.

Ah! point nés pour tourner en rond dans les cycles aveugles! Changeons la vague qui nous emporte en conscience qui roule les mondes — une conscience qui se souvient dans un corps qui rayonne. Car en vérité, ce qui était au début doit se retrouver à la fin, non plus dans un éclatement solaire où tout est aboli, non plus dans un éclatement noir où tout est englouti, mais dans un corps radieux sur une terre accomplie, dans l’innombrable joie des formes qui expriment Dieu partout.

Tout est joie, il faut se souvenir, se souvenir! Elle est là tranquille et sûre sous la peau noire des choses. Elle nous aime.

Et je devine des profondeurs, des profondeurs sans fin, des étendues de conscience comme des mers frémissantes de soleils.

Je sens cela tout proche, comme un sourire derrière un voile. Nous sommes au bord de quelque chose, la vie commence!

Rêvons divinement. Et la lumière dans un corps.

La crique ruisselle au bastingage de mon grenier. Ah! que reste-t-il des boues anciennes ? jamais été, jamais été — rien qu’une petite poudre de joie qu’au long des jours secrètement, j’avais orpaillée, rien qu’un sourire tout au fond. Ah! que reste-t-il!… Je suis ce seul enfant radieux avec l’éternité dans le cœur.

Et cette Présence autour, cette Présence en moi très douce, qui me tire comme par un fil de lumière vers je ne sais quel envol, et qui m’emporte dans une risée sur un grand voilier blanc. […]

Le corps mort est largué. Déjà j’ai pris ma gîte sur les premières lueurs vertes de l’aurore, déjà la route est belle; je tiens ce fil de lumière qui tire, qui tire vers les grandes Indes chargées d’espoir.

15 août 1957.

Satprem, L’orpailleur, Éditions du Seuil, 1960. Voilà de courts passages des pages 237 et 238. Ce qui termine cet ouvrage.

Selon Satprem, viendra un jour, après des millions d’années, où « nous comprendrons la gloire secrète qui était en nous depuis toujours, dans un corps, et cet enfant sauvage qui fut roi d’exil dans nos cités modèles ».

Alors se lèvera parmi nous la race des fils légers, les Resplendissants au tranquille sourire. Et cette terre connaîtra l’enfance et la joie, parce qu’elle est terre des songes qui vivent. […]

Il faut choisir, Gregory, à chaque instant choisir Jeter par-dessus bord… […]

Me revoilà seul . Et je ne sais rien… Le grenier craque, les ombres tremblent. Je ne sais rien, ni où aller, ni que faire. Je ne veux pas de Gregory, pas de cette crique, et je ne veux pas du vieux monde, ni de ces hommes qui rapetissent la vie.

Je n’ai rien que cette foi, cette petite flamme au fond. Cela et rien d’autre. Et j’appelle, j’appelle dans le silence. J’appelle pour savoir. […]

Et je ne sais plus très bien par quel bout me prendre. La masse ancienne des jours est là qui pèse, et des habitudes de penser qui veulent reprendre le fil, mais elles flottent, comme si elles ne retrouvaient plus leur creux. […]

Je veux le vrai de mon être, le vrai de ma vie. Cela et rien d’autre. Je suis dans cette minute tout entier, sans avenir, sans passé. Je suis prière et silence dans cette minute. Je suis nu et j’appelle.

Quelque chose pétille sous la lucarne, devant moi — et soudain je sens que je sais. […]

Et soudain il me vient une reconnaissance infinie d’être seul, cet oiseau migrateur posé là pour un soir. Je voudrais dire merci, merci d’être là sans rien, vagabond sans foi ni loi — ah! une foi de granit, un loi d’or — sans rien que cette petite chaleur au fond qui me fait libre comme le vent. […]

C’est venu tout à coup avec une telle évidence : je pars pour les Indes. […]

Tout est joie, mais nous avons oublié.

Depuis si longtemps nous sommes en route, depuis de très vieilles forêts et des temples obscurs, en route comme à la recherche d’un puits qui étancherait notre soif pour toujours. Et nous portons tout le poids de la nuit d’où nous étions partis, marcheurs aux millénaires. Et nous nous souvenons, vaguement, très loin d’une grande lumière qui nous aimait autrefois, et nous berçait dans une enfance.

Et les eaux ont roulé. Les eaux noires du commencement des mondes où tout était oubli et stupeur.

Et nous avons grandi, lentement, obstinément, à travers des marais et des jungles, des nuits polaires, des déserts de feu. Et nous avons durci notre carapace pour lutter contre le noir cruel des choses, tranché le fil d’or qui nous faisait chair de la chair des mondes. Seuls, nous sommes devenus, hommes seuls dans le dur des choses.

Et toujours notre soif, cette nostalgie des eaux noires du commencement des mondes, cet appel des eaux de lumière d’avant les Temps. Ah! cet appel d’enfance qui nous hante, comme si nous étions moins que des hommes, plus que des hommes.

Satprem, L’orpailleur, Éditions du Seuil, 1960. Ce sont de courts passages des pages de 230 à 235. Je m’y plais beaucoup.

Dans la porte arrière. C’est l’hiver.

Cette chaise avec son coussin est très aimée.