Voici cet autre dessin du calepin de mes amis Ninon et Pierre, de Trois-Rivières, en avril 1975.

2 Avr
Et on ne sait qui il est, d’où il vient, combien de temps il espère passer ici. La vie lui appartient et il peut défier qui il veut. Sa présence est un cadeau. Si vous trouvez mon dernier libre, Histoires naturellles publié en 2019, vous allez apprendre qu’il n’est pas du tout craintif avec les humains. Aucune loi de la nature ne l’enferme ; il est maître de sa vie. De l’Atlantique au Pacifique, il niche où bon lui semble. Sa confiance est venue de la variété de son vécu. Il était de passage ici en avril 2018.
Le corps naît avec pour destin de périr, un jour ou l’autre; il a donc moins d’importance que l’âme. Le vrai sage le sait, et aucun des divers états du corps ne le porte à se lamenter. Deuxième chapitre, verset 11, page 51.
À l’instant de la mort, l’âme prend un nouveau corps, aussi naturellement qu’elle est passée, dans le précédent, de l’enfance à la jeunesse, puis à la vieillesse. Ce changement ne trouble pas qui a conscience de sa nature spirituelle. Chaque être est une âme spirituelle, distincte de toute autre. À chaque instant, celle-ci change de corps et se manifeste sous la forme d’un enfant, puis d’un adolescent, d’un adulte et d’un vieillard. Mais, à travers ces mutations, elle reste identique à elle-même et ne subit aucun changement. Finalement, à la mort de l’enveloppe charnelle qu’elle habitait, cette âme transmigre dans une autre. Sachant que l’âme est certaine de revêtir un autre corps, matériel ou spirituel, pour une nouvelle vie. Deuxième chapitre, verset 13, page 53.
L’âme ne connaît ni la naissance ni la mort. Vivante, elle ne cessera jamais d’être. Non née, immortelle, originelle, éternelle, elle n’eut jamais de commencement, et jamais n’aura de fin. Elle ne meurt pas avec le corps. l’âme ne connaît ni passé, ni présent, ni futur. […] Elle est éternelle et originelle : rien ne laisse croire qu’elle ait seulement pu avoir un commencement. L’âme ne vieillit pas non plus comme le corps. C’est pourquoi le vieillard se sent intérieurement identique à l’enfant ou au jeune homme qu’il fut. Les changements de corps n’affectent pas l’âme : elle ne dépérit pas comme le fait un arbre ou tout autre objet matériel ; elle n’engendre pas non plus de descendance. Deuxième chapitre, verset 20, page 62
Thomas Merton (1915-1968), né à Prades, dans les Pyrénées Orientales, et décédé à Bangkok, en Thaïlande, moine américain, théologien, écrivain spirituel, poète et militant pacifiste. « Bhaktivedanta Swami apporte à l’Occident un rappel salutaire, à savoir que notre culture effrénée à sens unique fait face à une crise, qui peut l’amener à sa propre destruction, car elle manque de l’intense profondeur d’une conscience métaphysique authentique. »
Jean Varenne (1926-1997), né à Marseille et décédé à Paris, indologue français, spécialiste de l’hindouisme, du sanskrit, des cosmogonies védistes et de nombreux sujets touchant aux traditions de l’Inde et aux religions de l’Iran ancien. « Ce livre, la Bhagavad-gita telle qu’elle est, de A. C. Bhaktivevedenta Swami Prabnupata, magnifiquement présenté, est d’une valeur inestimable, car l’Occident connaît mal ce courant majeur de l’hindouisme… On ne peut donc que recommander vivement la lecture d’un ouvrage qui mérite de maintes façons d’être tenu pour considérable. »
Lanza Del Vasto (1901-1981), né dans les Pouilles, en Italie, et décédé à Murcie, en Espagne, écrivain et poète de langue française, philosophe, sculpteur, dessinateur et musicien. « Il est précieux, pour le public français, de posséder ce livre regardé comme sacré par les sages de l’Inde, éclairé par l’exégèse de A. C. Bhaktivevedenta Swami Prabnupata, maître prestigieux, héritier d’une haute tradition. »
Dans les Cahiers de Simone Weil (1909-1943), l’éditeur Plon invoque que Bhagavad-gita apparaît et on le définit comme « un poème religieux et philosophique de l’Inde ancienne; date indéterminable ».
Henry David Thoreau (1817-1862), philosophe, naturaliste et poète américain est du groupe. « Je baigne chaque matin, dit-il, mon intelligence dans la prodigieuse philosophie cosmogonique de la Bhagavad-Gita. Des milliers d’années se sont écoulées depuis sa composition, mais en comparaison de cette œuvre, notre monde moderne et sa littérature semblent chétifs et insignifiants. »
Aldous Huxley (1894-1963), écrivain, romancier et philosophe britannique. « La Bhagavad-Gita est le plus clair et le plus riche recueil de philosophie éternelle jamais compilé. Cela en explique la valeur permanente, non seulement pour le peuple indien, mais pour toute l’humanité. »
Arthur Schopenhauer (1788-1860), philosophe allemand. « Il s’agit là de l’œuvre la plus instructive et la plus sublime qui soit au monde. »
André Chédel (1915-1984), philosophe et chercheur suisse, écrivain, orientaliste et journaliste. « L’œuvre entreprise par le Swami Prabhupada est à la fois considérable et précieuse, car en lisant ses traductions du Srimad-Bhagavatam et de la Bhagavad-Gita le spiritualiste et le sanskritiste sont assurés de posséder une nourriture spirituelle insurpassable et un instrument de travail incomparable qui permet d’avoir accès à la moelle du texte. La pensée authentique est ainsi restituée dans sa pureté primitive, sans apports subjectifs subséquents. »
Plus temps de s’évader, plus temps de chercher dans l’extérieur des choses, dans les temples séniles, les Écritures, mais de transmuer tout. Plus temps d’inventer des systèmes, encore des systèmes, encore des évangiles, mais de rassembler toutes nos forces et de lancer notre foi très haut, comme un harpon de lumière pour crever le ciel de suie — et tirer un Rayon d’or qui change la face des choses.
Ah! point nés pour tourner en rond dans les cycles aveugles! Changeons la vague qui nous emporte en conscience qui roule les mondes — une conscience qui se souvient dans un corps qui rayonne. Car en vérité, ce qui était au début doit se retrouver à la fin, non plus dans un éclatement solaire où tout est aboli, non plus dans un éclatement noir où tout est englouti, mais dans un corps radieux sur une terre accomplie, dans l’innombrable joie des formes qui expriment Dieu partout.
Tout est joie, il faut se souvenir, se souvenir! Elle est là tranquille et sûre sous la peau noire des choses. Elle nous aime.
Et je devine des profondeurs, des profondeurs sans fin, des étendues de conscience comme des mers frémissantes de soleils.
Je sens cela tout proche, comme un sourire derrière un voile. Nous sommes au bord de quelque chose, la vie commence!
Rêvons divinement. Et la lumière dans un corps.
La crique ruisselle au bastingage de mon grenier. Ah! que reste-t-il des boues anciennes ? jamais été, jamais été — rien qu’une petite poudre de joie qu’au long des jours secrètement, j’avais orpaillée, rien qu’un sourire tout au fond. Ah! que reste-t-il!… Je suis ce seul enfant radieux avec l’éternité dans le cœur.
Et cette Présence autour, cette Présence en moi très douce, qui me tire comme par un fil de lumière vers je ne sais quel envol, et qui m’emporte dans une risée sur un grand voilier blanc. […]
Le corps mort est largué. Déjà j’ai pris ma gîte sur les premières lueurs vertes de l’aurore, déjà la route est belle; je tiens ce fil de lumière qui tire, qui tire vers les grandes Indes chargées d’espoir.
15 août 1957.
Satprem, L’orpailleur, Éditions du Seuil, 1960. Voilà de courts passages des pages 237 et 238. Ce qui termine cet ouvrage.
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