J’aime tant que nous progressions en ce moment dans la connaissance des autres vivants que nous
Les meilleures campagnes pour sauver la Planète devront bientôt s’appuyer sur un nouveau discours nourri de ce que nous trouvons présentement.
Ainsi constatons-nous, par exemple, que le vivant vient au monde avec le cadeau non seulement d’une « machine physique », mais également d’une mémoire héritée du vécu de ses prédécesseurs.
Il n’est donc pas démuni et il lui revient maintenant de déployer cette mémoire tout en l’enrichissant à son tour.
À ce titre, le Tarin des pins me fascine. Dans le milieu de l’ornithologie, on le dit « erratique », parce qu’on ne peut prévoir le moment où il apparaît et celui où il disparaît. Mais pour avoir longuement observé ce grand voyageur et vécu à ses côtés, on constate que toute nouvelle situation l’enrichit. Rien n’est perdu dans ce qui serait l’habitude. Désormais il saura compter avec ce nouveau moment.
Il a, par exemple, développé une confiance qui fait qu’on peut l’approcher à un peu plus d’un mètre lorsqu’il est aux mangeoires, ce qui est bien peu.
Raynald Rivard et Manon Bombardier, les auteurs de la biographie du Tarin des pins dans l’atlas Les oiseaux nicheurs du Québec (1995), affirment qu’il se distingue par son nomadisme presque constant. Citant un auteur du nom de Yunick (1981), ils écrivent : Cette espèce imprévisible adopte un comportement plutôt imprévisible ; elle n’est pas vraiment attachée à une région donnée en période de nidification, mais recherche plutôt des conditions de nidification favorables. Et une phrase comme celle-ci laisse entendre que l’oiseau a une grande capacité d’adaptation : De plus, comme certaines essences d’arbres ne produisent pas de graines tous les ans, les déplacements du Chardonneret des pins sont très difficiles à prévoir.
Bien plus, le Chardonneret des pins est l’un des rares passereaux qui a été observé la nuit à un poste d’alimentation hivernal.
L’oiseau proviendrait peut-être de la partie ouest du continent d’où il aurait étendu son aire de répartition vers l’est. Si, selon les auteurs, il a déjà niché aussi tôt qu’à la fin de mars dans le sud-ouest de Montréal, il semble bien que, cette année, en 2018, comme l’année dernière les Chardonnerets jaunes, ont prolongé chez moi leur nidification jusqu’en septembre, car des jeunes se sont soudain joints au petit groupe déjà présent au poste d’alimentation de chardon.
On le voit bien, il est facile de conclure que le Chardonneret des pins a un long passé, nourri de situations fort diverses. Très polyvalent au sujet de ce qu’il mange (variété de graines d’arbres, autant de conifères que de feuillus, et d’herbacées, insectes, bourgeons, et petits fruits), il sait composer avec toutes sortes de milieu.
Sa petitesse (il pèse de 10 à 14 grammes), son vêtement plutôt banal, sa vitesse en vol et le fait qu’il se déplace souvent en grand nombre à la fois le protègent des prédateurs.
Un jour peut-être, quelqu’un nous proposera une étude sur cet oiseau fascinant.