En 1897, à Québec, on veut du français dans les tramways
C’est à l’automne 1897 que la Quebec District Railway met en place le tramway électrique.
Fini l’usage du cheval pour le transport en commun dans les rues de la ville. L’électricité provient de la centrale de la chute Montmorency. Et le service commence rue Grande-Allée, même si les citoyens de l’endroit n’en veulent pas.
Des citoyens de langue française sont mécontents : tout se fait en anglais. Un lecteur du quotidien Le Soleil, qui signe Électrisé, écrit son mécontentement.
Une discussion s’est engagée dans les colonnes du Chronicle à propos d’une lettre que M. Le Dr Couture adressait à ce journal ces jours-ci pour se plaindre du service du tramway électrique.
M. Couture, entre autres griefs, reprochait à la compagnie d’employer des gens qui ne parlent pas le français et qu’on est obligé d’interpréter.
Inutile de dire qu’on s’est récrié contre ça. Le Chronicle lui-même a été le premier à faire remarquer qu’il y avait 10 canadiens français de plus que de canadiens de langue anglaise au service de la compagnie.
En outre, il fait remarquer avec sarcasme, ce matin, que les trois-quarts du capital de la compagnie ont été souscrits par des capitalistes de langue anglaise.
Nous croyons que l’on oublie un autre point de vue. On devrait se demander dans quelle ville nous sommes et quelle y est la proportion de la population française.
C’est bien assez qu’on lit sur les char : Parent Parc cet Champlain Market, à notre avis les employés devraient pouvoir nous dire en français où l’on nous mène.
Quant à l’argument du capital souscrit, nous nous demandons si une compagnie d’Allemands venait établir et exploiter un chemin de fer électrique à l’Île d’Orléans, tous les employés parleraient l’allemand depuis St-Pierre jusqu’à St-François aux insulaires épatés.
Électrisé.
Le Soleil (Québec), 4 octobre 1897.