Oups, la scarlatine !
Le 23 janvier 1901, le journal La Patrie avertit que la scarlatine fait des ravages à Montréal. L’épidémie se répand dans la ville, annonce-t-on, l’Hospice civique est rempli, augmentation du personnel sanitaire.
Et le texte de la nouvelle se lit comme suit :
Ce matin, le président de la commission d’Hygiène, l’échevin Ames, a eu une entrevue très importante avec le docteur Louis Laberge, officier de santé, et le médecin en chef de l’hôpital civique, le docteur J. E. Laberge.
Il a été déclaré par les officiers sanitaires que 250 maisons de Montréal contenaient des cas de fièvre scarlatine et que, dans toute la ville, on pouvait estimer le nombre des malades à environ 500, avec une moyenne de deux cas par maison, portant le placard de la fièvre.
L’hospice civique est rempli à ne plus pouvoir y mettre un patient. Les lits occupés par les fiévreux sont au nombre de 83, et il ne sera plus possible d’accepter d’autres malades à partir d’aujourd’hui.
Le personnel des médecins étant insuffisant pour soigner tous les patients, on a décidé d’engager deux médecins supplémentaires qui vont commencer immédiatement leur tâche et diminuer le fardeau de leurs confrères.
La surintendante de l’hospice civique, Mlle Montgomery, est fatiguée outre mesure par les excès de veilles et de travail, mais son personnel d’infirmières donne l’exemple du plus grand dévouement.
Le Bureau de santé vient de louer une maison qui pourra être mise à la disposition des familles pendant que les inspecteurs sanitaires désinfectent les maisons où se sont produits des cas de scarlatine.
Le personnel a été doublé, mais, malgré le nombre des employés engagés, le service ne se fait pas aussi rapidement que le désirent les docteurs.
À l’hospice civique, le docteur J. E. Laberge va être contraint de déménager son laboratoire bactériologique dans le sous-sol de l’hospice pour faire de la place afin d’installer les nouveaux médecins qui commenceront leurs services aujourd’hui même.
Le Dr Laberge, chef du Bureau de santé, divisera la ville en plusieurs sections qui seront visitées par les inspecteurs. Dans chaque maison contaminée, les mesures seront prises pour isoler complètement les malades.
Les médecins font de leur mieux pour être à la hauteur du surcroît de tâche qui leur incombe. Ils rencontrent un grand nombre de difficultés dans l’accomplissement de leur mission. Aussi le public est invité à se montrer indulgent si des cas extraordinaires se produisent qui échappent au contrôle de l’administration sanitaire.
Toutes les précautions sont prises dans les limites des choses possibles, pour enrayer l’épidémie de scarlatine.
L’hôpital civique, construit en 1886 après la grande épidémie de variole de l’année précédente, se trouvait au 3100, rue Rachel Est, à Montréal bien sûr.
Source de l’illustration : Bibliothèque et Archives nationales à Montréal, Fonds Conrad Poirier, Photographies, cote P48, S1, P1588. Il s’agit d’une photographie prise le 30 décembre 1937. La note se ainsi : «Nous voyons la salle E de l’hôpital Alexandra, pour maladies contagieuses, situé au 230, rue Charon à Montréal. Nous apercevons de chaque côté de la pièce des rangées de lits. Deux enfants sont alités, souffrant de la scarlatine. Des guirlandes de Noël et un sapin décorent l’endroit.»