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Tout ce qui nous fabrique, venu de très loin dans le temps, est soumis au rythme du jour et de la nuit

Le rythme circadien est premier dans l’histoire de notre Terre. Avant même d’être, nous étions de jour et de nuit.

En 24 heures, nous vivons tantôt au rythme bien éveillé, tantôt au rythme ralenti. Même la cicatrisation a un rythme selon le moment où s’est produite la blessure.

Dans la quotidien parisien Le Figaro, édition du 9 novembre 2017, le journaliste Cyrille Vanlerberghe en parle. D’entrée de jeu, citant la revue Science translational Medecine, il confie que des biologistes britanniques viennent de faire une découverte insoupçonnée : les plaies contractées pendant la journée se cicatrisent bien plus vite que celles qui ont leur origine pendant la nuit.

Voilà l’occasion d’optimiser le moment où on peut programmer une opération chirurgicale ou mettre au point de nouvelles stratégies afin d’accélérer la réparation de tissus blessés.

Comme l’a montré le prix Nobel de médecine, décerné cette année à trois pionniers qui ont permis de comprendre la machinerie génétique régulant les cycles biologiques de 24 heures au sein des organismes vivants, écrit Vanlerberghe, la recherche sur la chronobiologie progresse à grands pas.

« Le point de départ de notre travail, c’est l’idée assez extraordinaire que chacune des milliards de cellules qui composent notre organisme est régie par un cycle circadien de 24 heures. Et nous avons voulu étudier l’impact que ces rythmes pouvaient avoir sur les processus de réparation cellulaire », explique le professeur John O’Neill, responsable de l’équipe qui a fait la découverte au Laboratoire de biologie moléculaire de Cambridge.

L’équipe commence à travailler avec des cultures de cellules et regarde quelles protéines elles expriment quand on les soumet à des agressions. « Et nous avons eu la surprise de constater que certaines des protéines importantes pour la cicatrisation étaient bien plus nombreuses quand l’agression avait lieu pendant la période d’activité de l’animal que pendant la phase de repos », explique John O’Neill.

On a travaillé à une échelle un peu plus complexe pour découvrir que l’expression de certaines protéines avaient un effet très clair sur la vitesse de la cicatrisation, « presque deux fois plus rapides lors des phases actives ».

Puis, en consultant avec l’aide de chercheurs de l’université de Manchester un registre de 118 grands brûlés hospitalisés en Grande-Bretagne, un document qui détaillait l’heure à laquelle les personnes avaient reçu leur blessure, on a constaté que « Ceux qui ont été brûlés le jour étaient complètement soignés au bout de 17 jours, contre 28 jours pour ceux qui l’avaient été pendant la nuit. Un accroissement de 60%. »

Vanlerberghe ajoute : « Chez l’animal comme chez l’homme, cette guérison accélérée semble liée à la capacité de certaines cellules de l’épiderme, les fibroblastes, d’arriver plus vite sur l’endroit où les cellules ont été endommagées, lors d’une coupure ou d’une brûlure. Pendant la phase d’activité de l’organisme (le jour chez l’homme, et la nuit chez la souris), ces fibroblastes apportent notamment plus de collagène au niveau de la plaie, un apport initial qui est critique pour la cicatrisation, même dans les jours qui suivent. »

Le biologiste anglais dit que le collagène « sert en quelque sorte d’échafaudage pour tout le travail complexe de réparation cellulaire qu’est la cicatrisation ».

Il reste maintenant à voir si l’effet du rythme circadien est aussi visible sur la réparation d’autres organes que la peau. Les chercheurs espèrent aussi que des tests réalisés sur l’homme dans des conditions mieux contrôlées puissent prouver, notamment pour des opérations chirurgicales, qu’il y a des heures plus favorables que d’autres pour aider à la cicatrisation.

Le journaliste Vanlerberghe termine ainsi son propos : Et pour aider à la cicatrisation d’une blessure contractée la nuit, il existe des médicaments, comme certaines hormones de synthèse, qui sont capables de reprogrammer l’horloge interne et pourraient tromper les cellules de la peau en leur faisant croire qu’il fait jour. Une astuce qui fonctionne en tout cas pour les essais sur les souris !

 

Cyrille Vanlerberghe, « L’heure de la blessure joue sur sa guérison », Le Figaro (Paris), 9 novembre 2017.

P. S. On peut même concevoir maintenant d’autres exoplanètes habitées au rythme circadien beaucoup plus long (des jours d’une année, par exemple, suivis de nuits d’une année), ou des jours moindres que les nôtres accompagnés également de nuits moindres.

Ce dernier propos est mien.

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