« Aventure d’un déserteur »
Durant la nuit de mercredi à jeudi, un marin des croiseurs français a déserté son vaisseau en se jetant dans le fleuve et en gagnant le rivage à la nage.
Après avoir nagé longtemps, il réussit à atteindre l’un des quais Roche, qui se trouve en face du Cap Blanc. Avant de se jeter à l’eau, il avait fait un paquet de ses habits, qu’il s’était ensuite attaché solidement sur le cou.
En arrivant sur la quai Roche, il revêtit ses habits, et, pour se réchauffer, il alluma un feu.
Cette lueur attira l’attention d’un citoyen de l’endroit, qui alla immédiatement s’enquérir. Le marin français lui avoua sa désertion et lui conta son histoire.
Il avait encore 19 jours à faire pour terminer son service, plus 100 jours comme punition pour infraction à la règle. Or, il ne voulait pas faire ces 100 jours de service correctionnel, et, comme les croiseurs partaient le lendemain à midi, il avait jugé qu’il n’avait pas de temps à perdre ; il s’était jeté à l’eau pour déserter.
Le citoyen du cap Blanc eut pitié du marin. Il lui offrit l’hospitalité à son logis. Maintenant que l’escadre française est partie, le marin s’estime en sûreté et s’occupe de gagner sa vie.
La Patrie (Montréal), 1er septembre 1906.