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« L’après-midi… »

L’après-midi d’un dimanche, je voudrais bien,

quand il fait chaud et qu’il y a de gros raisins,

dîner chez une vieille fille en une grande

maison de campagne chaude, fraîche, où l’on tend du linge,

du linge propre, à des cordes, des liens.

Dans la cour il y aurait des petits poussins,

qui iraient près du puits — et une jeune fille

dînerait avec nous deux seuls comme en famille.

Nous ferions un dîner lourd, et le vol-au-vent

serait sucré avec deux gros pigeons dedans.

Nous prendrions le café tous les trois, et ensuite

nous plierions notre serviette très vite,

pour aller voir dans le jardin plein de choux bleus.

La vieille nous laisserait au jardin tous deux.

Nous nous embrasserions longtemps, laissant nos bouches

rouges collées auprès des coquelicots rouges.

Puis les vêpres sonneraient doucement, — alors

elle et moi nous nous presserions encore plus fort.

 

1889.

 

Francis Jammes, De l’Angelus de l’aube à l’Angelus du soir, 1888-1897, Paris, Poésie/Galimard, 1971, p. 30.

Merci, cher Jean, pour ce cadeau.

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