Grosse saison de navigation en 1900
Voici venu novembre, c’est l’heure des bilans dans le monde de la navigation sur le fleuve. Le journal Le Soleil du 7 novembre 1900 s’y arrête.
Jamais encore nous n’avons vu une si grande activité comme actuellement dans notre port. À cette saison de l’année, déjà le fleuve charriait les premières glaces, tandis qu’aujourd’hui encore on se croirait au mois de septembre.
Ce matin, l’un de nos reporters est allé pousser une pointe jusqu’au bassin Louise, il y a constaté une animation extraordinaire : trois steamers prenant des chargements de bois, planches, madriers arrivant en gros convois par les chars du lac Saint-Jean, nombreuses goélettes chargées de denrées de tout genre : patates à 30 cts le sac, bois de chauffage, comestibles en fait de légumes, volailles, grain, poisson, etc.
Toutes ces goélettes au nombre d’une soixantaine sont là le long des quais Renaud, Tanguay, Price, etc. déchargeant leurs cargaisons, pendant que les voitures arrivent sur les quais, chargées de toutes sortes de marchandises destinées à approvisionner les marchands du bas du fleuve qui ont fait leurs commandes et profitent des derniers beaux jours de la navigation pour transporter le tout à domicile par voie d’eau.
Nous avons interrogé, ce matin, plusieurs propriétaires de caboteurs qui nous ont annoncé avec plaisir que la saison de cabotage avait été des plus fructueuses, et que l’on avait encore jamais vu une si grande activité que cette année, dans leur ligne.
Bientôt, a dit l’un d’eux, nous nous en irons mettre nos vaisseaux en hivernement, avec la satisfaction du devoir accompli et de l’argent dans notre poche. Ça été la meilleure saison que nous ayons eue, et elle se prolonge le plus possible, ce qui ne nous est pas arrivé depuis nombre d’années.