Il n’y a rien comme de suivre la chronique pour constater la variabilité du climat québécois
Certaines années, on se plaint, d’autres, on se réjouit. Ici, fin décembre 1904, les travailleurs de condition modeste sont heureux.
La neige qui tombe, aujourd’hui, en flocons épais, c’est la manne pour un grand nombre qui attendaient une bonne bordée afin de gagner quelques sous. C’est le feu et le pain assuré pour le jour de l’An, peut-être même quelques étrennes.
Comme question de fait, on a engagé aujourd’hui, au département des chemins, 80 hommes, pour commencer le déblaiement des rues qui commencent à être encombrées.
Quarante de ces travailleurs seront placés dans la section Est, et un nombre égal dans l’Ouest.
Si la neige continue, on va, demain ou après-midi, engager aussi des charretiers pour faire l’enlèvement.
De son côté, le Montreal Street Railway n’est pas inactif. Sa voie s’enneige à vue d’œil, mais l’on combat avec énergie cet envahissement.
Les balayeuses mécaniques ont été mises en opération et les contremaîtres enrôlent tous les hommes qu’ils peuvent trouver dans les différentes parties de la ville. Depuis le matin, il est tombé plusieurs pouces de neige.
La compagnie des tramways peut faire des largesses aux ouvriers, car ses recettes ont été considérables depuis quelques jours. Ses recettes, samedi, ont été de $9,229, soit $2,835 de plus que le jour correspondant de l’année précédente; dimanche, elle a perçu $5,053, soit un excédent de $1,158 sur le même jour, l’an passé ou un surplus de $4,000 en chiffres ronds, dans l’espace de deux jours seulement. Le rapport de la journée d’hier n’est pas encore prêt.
La Patrie (Montréal), 27 décembre 1904.