Le temps des Fêtes est pour bientôt

Et, à la une, le quotidien montréalais La Patrie y va d’une réflexion sur le sujet. Extraits.

Les splendides étalages de nos magasins font tressaillir de convoitise plus d’une belle, et le mari doit courber les épaules sous de terribles orages s’il refuse de délier les cordons de sa bourse.

À part les bals, plus nombreux à cette époque, les citadins ont pour s’étourdir le «euchre», qui constitue actuellement l’un des plus populaires passe-temps. On joue au «euchre» en tous temps et en tous lieux; on en jouerait même en danger de naufrage. Au lieu de se dévorer les uns les autres, les naufragés du radeau de la «Méduse» eussent joué au «euchre», s’ils avaient connu ce jeu… plus inoffensif.

Dans nos campagnes, «le temps des fêtes» signifie surtout de succulents repas.

Les réunions de famille battent leur plein. Et si l’on fait ripaille ! Les dindons fameux, les oies grasses disparaissent à l’envi dans les robustes estomacs.

Le dîner à la maison paternelle resserre les liens familiaux des aînés et fait trépigner d’envie les plus petits. Les grasses réparties, qui partent comme des coups de canon, égayent les convives, au cours du réveillon de la messe de minuit, et des sardanapalesques agapes de Noël, du jour de l’An et de l’Épiphanie.

Des parents qui ne se sont pas vus depuis des années se rencontrent ces jours-là; et les lourdes et fumeuses digestions réunissent tous les cœurs. C’est le seul temps de folies qu’on se permet dans l’année. Les récits de farces commises au temps des fêtes égaient ensuite bien des soirées.

Quant aux bambins, «le temps des fêtes» signifie pour eux cadeaux, étrennes, congé. C’est assez pour que le «temps des fêtes» — n’est-il pas vrai ? — jouisse, chez nos cadets, de la juste renommée qui lui est dévolue.

La Patrie (Montréal), 22 décembre 1906.

L’image est seulement une partie des illustrations qui accompagnent l’article du journal sur le temps des Fêtes.