Jean Carignan aurait eu cent ans aujourd’hui
Né à Lévis le 7 décembre 1916, fils de violoneux, Jean Carignan commence à jouer en public dès l’âge de 5 ans. Sa famille déménage à Sherbrooke et le jeune garçon joue du violon au coin des rues pour aider son père en chômage.
«Sa renommée grandit, écrivent Robert Thérien et Isabelle D’Amours, et il est invité dans les foires, les réunions religieuses et les danses. […] En jouant à une noce, il rencontre son idole, le célèbre violoneux Joseph Allard qui devient son professeur de 1927 à 1931.»
Durant la crise économique des années 1930, Carignan continue de jouer au coin des rues, ce qui lui vaut de nombreuses arrestations. Pendant cinq ans, engagé par George Wade dans son orchestre folklorique les Corn Huskers, il voyage partout au Canada et touche même à l’occasion au saxophone et à la clarinette.
Le folkloriste Jacques Labrecque lui fait enregistrer quelques albums et recourt à lui pour ses propres disques. «Le folkloriste Pete Seeger l’invite souvent à se produire dans ses spectacles à New York et à la télévision canadienne. […] En 1973, plus de 400 violoneux de toutes les régions du Canada lui rendent hommage à Ascott Corner, petite localité du sud de Montréal.»
Il fut l’homme de cent métiers, car sa musique, avant les années 1970, ne lui permet pas de gagner sa vie : cordonnier, riveteur, travailleur dans la construction, chauffeur de taxi. Une surdité croissante venue de son boulot d’opérateur de marteau pneumatique l’obligera à accrocher son violon à la fin des années 1970. Il est décédé à Delson en 1988.
«Privé de toute formation académique, disent Thérien et D’Amours, Jean Carignan avait appris par oreille un répertoire de plus de 7 000 reels qu’il interprétait avec une virtuosité et une rigueur exceptionnelle. Violoniste de tradition celtique, il a mérité l’admiration de ses collègues folkloristes et des musiciens de formation classique. Il a été le sujet du film Jean Carignan, violoneux (ONF, 1975) et a participé au film La veillée des veillées (ONF, 1976).»
Mon fils me met sur la piste du violoneux et d’un bel hommage que le Boston Globe lui rend le 2 décembre dernier, signé Matthew Guerrieri, Recalling Jean Carignan, a French-Canadian treasure who had to keep his day job. Fort bien ce geste, car Carignan fut connu en Nouvelle-Angleterre.
Robert Thérien et Isabelle D’Amours, Dictionnaire de la musique populaire au Québec, 1955-1992, Québec, Institut québécois de recherche sur la culture, 1992.
L’illustration vient de l’article de Pierre Chartrand et Lisa Ornstein, La vie et l’univers de Jean Carignan.
Le voici dans Le Reel du pendu. D’une grande habileté.