Un nouveau poème semé à la une d’un journal québécois
J’aime cette tradition de plusieurs journaux québécois d’autrefois. Une place à la poésie.
Pensées d’automne
Novembre étend sur nos campagnes
Son manteau chargé de frimas;
Et sur les flancs de nos montagnes
L’orme fléchit sous le verglas.
Soyez rêveuses, jeunes filles,
Ce mois nous dit où vous courez.
Regardez les vertes charmilles :
Elles passent, vous passerez.
Sous les bois fauves, pas une aile
N’abrite les doux nids d’oiseaux;
L’on ne voit plus que la sarcelle
Errant encor sous le roseau.
Bientôt, elle aussi, du grand fleuve,
Quittera les talus glacés :
Comme elle, enfants, aux jours d’épreuve,
Vous aussi, vous nous quitterez.
À grains serrés tombe la neige,
Au loin siffle le vent du nord.
Voyez ; là-bas, un long cortège
Chemine vers le champ de mort.
Vieillards qui marchez vers la tombe,
Courbés sur vos bâtons ferrés,
Recueillez-vous, la feuille tombe,
Le gazon meurt, et vous mourez.
Faucher de Saint-Maurice.
La Canardière, novembre 1862.
Le Sorelois, 11 novembre 1884. Ce texte est repêché de la Revue Canadienne, tome 12 (Montréal, 1875).