Le vague à l’âme
Le correspondant du journal La Patrie à Terrebonne a le vague à l’âme. Les feuilles tombent, de bien belles dames déménagent, mais d’autres, quand même, sont sur le point de venir.
Il écrit le 16 octobre 1899 :
La saison d’automne poursuit sa marche monotone et chaque jour nos trottoirs se recouvrent de la dépouille des arbres qui bordent nos rues. Le temps est presque constamment triste et nuageux, et la nature semble pleurer avec nous le départ prochain de trois de nos plus charmantes demoiselles, lesquelles par leurs attraits irrésistibles ont d’abord amené ici de Montréal et de Longueuil trois amoureux, qui aujourd’hui viennent à leur tour nous les enlever. Les mariages sont donc à l’ordre du jour et Terrebonne aussi, paraît-il, verra apparaître sous peu de nouvelles figures. Quelques-uns des nôtres, fatigués de fouler les sentiers étroits du célibat, nous amèneraient de Montréal, voire même de Joliette, la fleur des jeunes filles qu’ils y sont allés cueillir. Aux unes, nous disons Adieux, aux autres, bienvenue; à tous, bonheur et prospérité.
Tout cela fait très petite communauté tissée serrée. Probabe que le fait qu il y avait moins de distraction incitait les gens à s intéresser davantage les uns aux autres, leurs faits et gestes… et cette façon de dire amusante: les sentiers étroits du célibat… le mariage et les déménagements conséquents étaient visiblement un agent de changement majeur dans une communauté en 1899, difficile de réconcilier tout cela avec notre présent, sauf peut-être pour cette agréable mélancolie parfois engendrée par les journée grises d automne avancée, ça, nous connaissons.
C’est bien vrai, chère Vous. Ce n’est plus cette très petite communauté tissée serrée, mais l’agréable mélancolie, où la maison prend tout son sens, est bien là, toujours. Moi, j’aime aussi ce temps de l’année.