On cherche à se convaincre qu’on pourra voyager en ballon
Le problème de la navigation aérienne est-il résolu ? Une dépêche de Friedrichshaven nous permet de n’en plus douter.
Un dirigeable a évolué pendant plus de deux heures au-dessus du lac Constance, montant, descendant, allant de l’avant, de l’arrière, rasant la surface des eaux pour s’élever ensuite à une hauteur de mille pieds et filer à une vitesse moyenne de 25 milles à l’heure.
L’aérostat flottait dans l’espace, et obéissait aux impulsions de ses machines avec la grâce d’un yacht de plaisance, décrivant des courbes avec autant de facilité que le petit vaisseau reposant sur la masse liquide. Ce ballon ressemblait à quelque monstre gigantesque dont sont peuplées les légendes du moyen-âge.
L’auteur de ce «dirigeable» est le comte Von Zeppelin, officier de l’armée allemande, lieutenant général d’état-major auprès du roi de Wurtemberg.
Le succès qui a couronné la dernière expérience a fait dire à son inventeur au milieu de l’enthousiasme bien légitime en un pareil moment que le voyage de Berlin à Londres par voie aérienne pourra se faire en vingt-deux heures, et de la capitale allemande à New-York en vingt-deux jours.
Ce dernier voyage sera des plus sensationnels et rempli d’incidents très excitants et toujours renouvelés.
La Patrie (Montréal), 5 novembre 1906.