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Qui sommes-nous, selon le géographe français Onésime Reclus (1827-1916). Première de trois parties

le-plus-beau-renouvellementReclus rédigea ce texte en 1885.

Il préparait une grande œuvre de près de 1000 pages, La Terre à vol d’oiseau.

Les Franco-Canadiens, leur fécondité, leur marche en avant.

Le Canada fut le plus beau renouvellement de nous-mêmes sur le continent où il y avait place pour la plus grande nation de l’avenir. La France le laissa misérablement choir.

Mais malgré cent vingt-cinq ans de séparation, c’est le pays d’outremer qui renferme le plus de Français restés Français. Race frivole, nous nous en doutons à peine, et nos émigrants vont s’anéantir près ou loin de là dans les allophones et les allophyles. […]

Le Canada, qui plus que l’Algérie était le portique du monde, ne reçut aucun Français jusqu’aux premières années du dix-septième siècle; mais quand on eut cessé de s’égorger de catholique à protestant, on porta des regards moins distraits sur la «Nouvelle France». Le Saintongeais Champlain fonda Québec en 1608. De même que Christophe Colomb, dans sa route vers l’Amérique, cherchait avant tout l’Inde et la terre des épices, de même Samuel Champlain remontait le Saint-Laurent pour arriver chez les Chinois. Les lettres, les écrits, les poèmes du temps en font foi […].

Une ville de la banlieue de Montréal, la Chine, témoigne encore, par son nom, de cette ambition des fondateurs du Canada.

La colonie languit jusqu’à [Jean-Baptiste] Colbert [1619-1683, ministre des colonies]. Ce grand homme y envoya des Percherons, des Poitevins, des Normands; puis, après ce trop court effort, lorsque le clairvoyant ministre ne fut plus là, la vieille France laissa la nouvelle à l’abandon.

Le Canada décimé par des luttes héroïques, souvent victorieuses, contre ses hypocrites ennemis d’Europe, les Anglais, et ses fanatiques ennemis d’Amérique, les Yankees, ne reçut plus que de rares colons, Saintongeais, Provençaux, gens de Bretagne, de Normandie, de Paris, de toutes les provinces.

Dans le siècle qui s’écoula de l’établissement de la prépondérance française en Europe jusqu’à la ruine de toutes nos grandeurs sous Louis XV, 5000 hommes et 4000 femmes seulement, c’est tout ce que le royaume alors le plus puissant du monde eut l’heur d’implanter là-bas sur le Saint-Laurent.

 

La suite au cours des deux prochains jours.

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