Monsieur, vous êtes en peine d’amour en ce moment ?
Je vous comprends. J’ai bien connu. C’est la raison pour laquelle je n’espère plus jouer à ce jeu.
L’écrivain et poète français Paul Verlaine (1844-1896) s’y connaît également. De Birds in the night, daté de septembre-octobre 1872, paru dans Romances sans paroles en 1874, quelques quatrains :
Aussi, me voici plein de pardons chastes,
Non, certes ! joyeux, mais très calme, en somme,
Bien que je déplore, en ces mois néfastes,
D’être, grâce à vous, le moins heureux des hommes.
Et vous voyez bien que j’avais raison,
Quand je vous disais dans mes moments noirs,
Que vos yeux, foyers de mes vieux espoirs.
Ne couvaient plus rien que la trahison.
Vous juriez alors que c’était mensonge
Et votre regard qui mentait lui-même
Flambait comme un feu mourant qu’on prolonge,
Et de votre voix vous disiez « Je t’aime ! »
Hélas ! on se prend toujours au désir
Qu’on a d’être heureux malgré la saison…
Mais ce fut un jour plein d’amer plaisir,
Quand je m’aperçus que j’avais raison !
Aussi bien pourquoi me mettrais-je à geindre ?
Vous ne m’aimiez pas, l’affaire est conclue,
Et, ne voulant pas qu’on ose me plaindre,
Je souffrirai d’une âme résolue.
Oui, je souffrirai car je vous aimais !
Mais je souffrirai comme un bon soldat
Blessé, qui s’en va dormir à jamais,
Plein d’amour pour quelque pays ingrat.
Du livre Œuvres de Paul Verlaine, Valiquette, Montréal, Année de publication non indiquée.
Vous trouverez ici un billet sur la peine d’amour.