«Sachons n’être pas adipeux»
Il est étonnant de retrouver dans la presse d’il y a plus de 100 ans des propos se rapprochant de ceux d’aujourd’hui. On s’en prend, par exemple, aux méfaits de la cigarette, un mode de consommation du tabac, soutenu déjà par la publicité, qui vient d’être imaginé après la chique, le cigare et la pipe.
L’obésité est au programme également. Dans La Patrie du 3 février 1906, le médecin français Maurice de Fleury (1860-1931), qui a travaillé sur l’insomnie, l’arthrite, les états dépressifs, etc., cause ici d’obésité.
Il est laid d’être gros; et c’est aussi malsain. L’obésité est une maladie, de la famille des névroses, de l’arthritisme, de la goutte, du diabète et du ralentissement de la nutrition. Elle est caricaturale et nuisible. L’envahissante graisse étouffe les éléments noble de nos organes, les enserre, les atrophie, les conduit à dégénérer; elle altère les reins, le foie, les vaisseaux sanguins, le cœur surtout obligé pourtant de fournir un énorme surcroît de travail, alors qu’il lui faut, par surcroît, l’afflux sanguin à toute une masse surajoutée de tissu adipeux, qui en est fort gourmand.
Sachons n’être pas adipeux. Vous tous qui, vers la quarantaine, sentez la graisse vous gagner et l’essoufflement vous venir, n’attendez pas longtemps pour vous mettre au régime. Prévenir vaut mieux que guérir. S’empêcher d’engraisser est plus sage que de se faire maigrir. […] O mes lectrices, si vous avez quelques coquetteries, n’attendez pas qu’il soit trop tard !
Notre taille — j’entends la hauteur de notre personne — nous fournit l’indice du poids où nous devrions nous tenir. Mesurez donc votre hauteur et sachez que vous devez peser à peu près autant de kilogrammes que vous mesurez de centimètres au-dessus d’un mètre. Un homme de 1 m. 80 doit normalement peser 80 kilogrammes, et plutôt un peu moins pour être en équilibre de nutrition. Donc, pesez-vous de temps à autre, et si vous dépassez sensiblement l’honorable moyenne, si vous vous sentez essoufflé en montant les étages, si vos digestions sont lourdes, votre appétit excessif, si vous devenez paresseux à la marche et trop volontiers somnolent, allez trouver un médecin spécialement instruit des maladies de la nutrition, apportez-lui une bonne analyse et le priez de vous mettre au régime. […]
Prédisposé par hérédité le plus souvent, nous devenons obèses soit par excès d’alimentation, soit par insuffisance d’élimination, soit par torpeur de notre activité nerveuse qui commande à nos combustions. — Et le plus souvent ces trois causes agissent de concert.
Il importe donc pour maigrir convenablement : 1) De s’asservir à un régime éliminant autant qu’il est possible les éléments particulièrement propres à engraisser; 2) De se soumettre à une cure permettant l’élimination plus complète des déchets de la nutrition; 3) De stimuler, par des procédés en même temps actifs et inoffensifs, l’activité du système nerveux central.