Un éboulis rue Sous-le-Cap, à Québec

On l’a répété souvent sur ce site : la haute-ville de Québec est bâtie sur un cap et la falaise de Québec est vivante. On ne sait pas le moment où une masse de pierre se décrochera pour tomber sur ce qui se trouve au pied. Voici un nouvel éboulis au-dessus de la rue Sous-le-Cap. L’Étoile du Nord (Joliette) du 12 novembre 1891 raconte.

Une dépêche de Québec, en date du 10, rapporte que, la nuit dernière, un éboulement s’est produit dans cette partie du rocher de la Grande Batterie qui surplombe la ruelle Sous-le-Cap et qui s’étend en ligne parallèle à la rue St-Paul.

Vers une heure et demie du matin, les habitants de la grande maison à trois étages qui fait face au magasin de Leclerc et Letellier, rue St-Paul, et qui s’étend en arrière à la ruelle Sous-le-Cap, ont été réveillés par un bruit sourd, immédiatement suivi d’un fracas violent. La maison vibrait comme si elle eut été secouée par un tremblement de terre.

Frappés de terreur, les occupants s’élancèrent dans la rue dans leur costume de nuit. Une fois dehors, ils s’aperçurent que ce qui les avait tant effrayés n’était pas un tremblement de terre, mais une avalanche.

En examinant l’éboulis, on découvrit qu’une partie considérable du mur de fortifications s’était effondrée, écrasant un hangar, emportant les galeries et les escaliers, brisant toutes les fenêtres en arrière de la maison.

Il est heureux que le bâtiment fut solidement construit, sans quoi il y aurait eu pertes de vie.

Les occupants de la maison ont dû chercher refuge ailleurs. La maison était occupée par Ed. Foran, marchand à commission, Dupéré & Cie, selliers, et madame A. Galibois.

Le quotidien de Québec, Le Canadien, du 11 novembre 1891, laisse entendre que l’éboulis vient du fait que les fortifications sont mal entretenues. Il ajoute aussi :

Le cap à cet endroit à plus de cent pieds [un peu plus de 30 mètres], et on conçoit facilement le bruit que causa cette grêle de pierres tombant d’une pareille hauteur. […] Le mur offre maintenant un trou béant, et il devra de toute nécessité être démoli ou remplacé. En attendant, la ruelle Sous-le-Cap a été barrée afin d’empêcher la circulation.»

Mais il ne faut pas croire que tous craignirent.

«On rapporte, écrit Le Canadien, qu’une femme entendant le bruit ouvrit une fenêtre et, une lampe à la main, constata ce qui se passait et alla se coucher, tout à fait comme si rien de dangereux ne s’était passé.»

Cette dame n’en était sans doute pas à son premier éboulis.