Fini les cochons dans le Mile End !
Au début du 20e siècle, on appelait Saint-Louis du Mile End cette petite municipalité tout juste au nord de Montréal, qui sera annexée en 1910. La Patrie du 3 juillet 1907 donne un compte rendu de la dernière séance du conseil de ville avant les vacances estivales.
Le conseil de Saint-Louis est entré en vacances hier soir, après une assez longue séance consacrée à expédier toutes les affaires de routine qui traînaient depuis un certain temps.
Là comme un peu partout, on se plaint du sans gêne des compagnies à fil. Dans Saint-Louis comme ailleurs, les employés de ces compagnies plantent des poteaux où bon leur semble sans se soucier des autorités. Nombre de cas ont été cités par les échevins. Il est alors résolu d’autoriser le secrétaire à écrire à ces gens d’avoir à se conformer aux règlements de la ville et d’agir avec plus de discrétion.
On a adopté en troisième lecture un règlement d’hygiène créant un bureau de santé et donnant à ses membres ou aux officiers sanitaires les pouvoirs nécessaires pour faire respecter les mesures d’hygiène adoptées pour le bien général.
On a fait disparaître une chose qui pouvait se tolérer dans le temps où la ville ne contenait qu’une population de quelques milliers de personnes, l’élevage des cochons dans les cours. Aujourd’hui, la ville compte 21,000 habitants, les maisons se touchent, les cours se font plus petites et plus rares. Aussi avec l’espace doit disparaître la gente porcine. On avait cru devoir laisser en vigueur les règlements permettant à chaque propriétaire de garder deux de ces animaux, mais un trait de plume a tranché la question.
Sur une plainte de l’officier de santé ou du bureau d’hygiène provincial, toute écurie ou construction qui sera un sujet de nuisance devra être modifiée selon les instructions de l’officier de santé, sinon l’ouvrage sera fait par la ville aux frais de ces personnes.
Les boîtes à fumier ne seront pas tolérées dans les ruelles. Elles devront être dans les cours. Celles qui existent présentement devront être bien couvertes et démolies si l’officier de santé le juge nécessaire.
Le règlement qui comporte quarante clauses pourvoit à toutes les autres dispositions hygiéniques propres à assurer le bon état sanitaire de la ville.
Adopté également le règlement forçant les propriétaires d’établissements industriels à munir les cheminées de fumivores.
Après maintes questions de détail, le conseil ajourne ses délibérations au premier mardi de septembre prochain.
La gare du Mile End vers 1913, une photographie des Archives du Canadien Pacifique, apparaît dans une communication d’Yves Desjardins sur le site Mémoire du Mile End.