Vous avez peine à maîtriser votre envie de domestiquer des mouches ?
Prenez exemple de ce qu’on arrive à réaliser avec les mouches à San Francisco. La Gazette de Joliette du 10 juin 1884 raconte.
Il vient de s’ouvrir à San Francisco une exposition de mouches savantes (educated flies).
On connaissait le cochon savant, les canaris dressés, les puces domptées, mais les mouches savantes, c’est quelque chose de nouveau. C’est dans une vitrine que se trouvent ces curieux phénomènes, dressés par M. Caughlan, qui se dit professeur.
Le spectacle commence avec une seule mouche qui fait mouvoir une petite roue en bois d’environ deux pouces et demi de diamètre [un pouce équivaut à 2, 54 centimètres]. Une deuxième mouche fait fonctionner un bocard avec une telle vélocité que chaque pilon monte et descend une centaine de fois par minute.
La troisième fait tourner et retourner une petite boule de liège d’un demi-pouce de diamètre qu’elle manie adroitement. La quatrième mouche fait avancer une petite boîte en papier d’un pouce carré, et la cinquième manie des haltères de liège ayant trois quarts de pouce de long. La sixième conduit un vélocipède à huit roues.
Sur le même véhicule, on place une pièce de 25 cents en argent que trois mouches, attelées ensemble, traînent sans la moindre difficulté apparente. Une pièce de 25 cents pesant environ mille fois plus qu’une mouche, cet exercice est certainement le plus remarquable de la représentation.
Pour terminer la séance, on voit un petit char ayant deux pouces de longueur, monté sur roues en cuivre, auquel est attachée une mouche dont le harnais est en cheveux. Sur le siège de devant, une mouche assise sur un coussin de velours tient les guides en fil d’araignée. Dans l’intérieur de la voiture, une troisième mouche, prenant ses aises, est assise sur la banquette et tient une ombrelle aussi gracieusement que possible.
Cet article avait déjà paru dans le quotidien de Québec, Le Canadien, du 5 juin 1884.