Ces enfants, disait-on, enlevés par des Bohémiens
Retour sur cette histoire de deux enfants enlevés à Inverness, comté de Mégantic, par des Bohémiens. Nous nous étions laissés sur cet événement non résolu. La population d’alors se disait certaine que c’était là l’œuvre de ces ravisseurs. Voici un nouveau chapitre à cette histoire dans l’hebdo La Tribune, de Saint-Hyacinthe, du 2 juin 1893.
Deux enfants ayant été enlevés dernièrement, à Inverness, comté de Mégantic, par des bohémiens, leur père, M. Wilhemer, était depuis plusieurs semaines [il s’agit plutôt de quelques jours] à la poursuite des ravisseurs.
Nous lisons ce qui suit dans le Progrès de l’Est :
M. Wilhemer, après huit jours de recherches, a enfin retrouvé ses enfants, Après l’enlèvement, il avait décidé d’aller à Québec afin d’obtenir le secours des autorités, mais, sur les conseils de ses amis, il changea d’idée, et suivit les dix familles bohémiennes qui s’étaient dirigées vers la Beauce.
À Adstock, région minière près de Robertson, M. Wilhemer, épuisé de fatigue, entra dans une masure occupée par une vieille femme. Le malheureux père, rendu à bout, se laisse choir sur une bûche, le seul siège dans la cabane, et demanda d’une voix éteinte quelque chose à manger. La vieille s’exécuta de bonne grâce et lui servit à souper.
À peine avait-il terminé son repas qu’il entendit pleurer un enfant dans l’appartement voisin; il se lèva comme mû par un ressort et se dirigea vers le lieu d’où les cris partaient et pénétra dans la chambre malgré la résistance de la vieille.
Quel ne fut pas son étonnement, sa joie en voyant étendus sur un grabat ses deux petits enfants ! L’un dormait profondément et l’autre s’était éveillé au bruit qu’avait fait le père en causant avec la vieille.
Contribution à une histoire québécoise des gens du voyage.