L’intervention du Ciel souhaitée
En 1900, au Québec, vit-on une période climatique difficile ? on réclame aussitôt le secours du Ciel. Au printemps de 1903, avril et mai furent extrêmement secs. Pourquoi ne pas se réunir pour demander l’aide d’en Haut ? C’est bien ce qui se produit à Varennes, sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent, entre Boucherville et Verchères, et La Patrie du 28 mai 1903 raconte l’événement.
Une cérémonie touchante, qui est une preuve bien frappante de l’esprit de foi qui anime la population canadienne des campagnes, a eu lieu ce matin à Varennes.
Nos lecteurs ne sont pas sans savoir que la sécheresse actuelle cause d’immenses dommages à l’agriculture et qu’en certains endroits le succès de la récolte prochaine est rendu bien incertain.
Partout le sol est dur comme du roc, la terre assoiffée se crevasse, se coupe de rides profondes. Les semences n’ont été faites qu’à grand’peine et la végétation est arrêtée. L’herbe est rouge et rare comme en automne et, si les nuages ne déversent pas leur trop plein sur nous avant longtemps, les pâturages ne vaudront plus rien.
Afin d’obtenir du Ciel des pluies bienfaisantes la population de Varennes a fait ce matin à dix heures une procession solennelle. Par les rues du village et dans la campagne, la population toute entière, hommes et femmes, vieillards et enfants, infirmes et valides, a pieusement promené le Tableau miraculeux de Ste-Anne, que l’on ne sort que dans les grandes occasions.
Ce Tableau de Ste-Anne a déjà soulagé les habitants de bien des fléaux dans des circonstances semblables, et c’est avec respect que les gens de Varennes parlent de ces miraculeuses interventions de la grande sainte.
Un détail curieux mais touchant montre encore plus leur esprit de foi. Durant cette procession pour obtenir la pluie, tous les gens qui y participent portent au-dessus de leur tête des parapluies. Jusqu’ici, Ste-Anne ne les a jamais trompés, et toujours avant la fin de la procession les nuages ont crevé et la pluie abondante a arrosé les terres.
Les gens de Boucherville se sont joints à ceux de Varennes dans cette procession.
On retrouve la statue de sainte Anne enseignant à sa fille Marie, une œuvre du sculpteur Lauréat Vallière (1888-1973) né à Saint-Romuald, dans la façade de l’église de Sainte-Famille de l’île d’Orléans.