Sarah Bernhardt trouve époux !
Comment croire que cette bien importante actrice française de la fin du 19e siècle et du début du 20e se marierait ? En 1882, c’est vraiment la surprise à Paris. Dans Le Sorelois du 2 mai 1882, le correspondant parisien écrit :
Sarah Bernhardt mariée ! Voilà un post scriptum à sa fantastique tournée qui mérite pendant quelque temps l’attention des Parisiens, si longtemps enchaînés à sa voix d’or.
Elle ne paraissait pas créée pour le mariage cette sylphide tragique. Sur son visage étrange et dans sa démarche aérienne, la correction et la monotonie de l’hyménée semblaient complètement absentes.
Flamme et caprice, disaient ces yeux bleus; fantaisie, entêtement et indépendance, disait sa bouche nettement dessinée : amour du mouvement, répétaient ses mains nerveuses; délices de la liberté et de la tyrannie, ajoutaient son port de tête et toute la liberté élégante de sa personne.
Seul, son timbre vibrant et tendre laissait deviner que, sous le corsage brodé de la comédienne excentrique, pouvait se glisser le plus doux et le moins nouveau des sentiments.
La femme est la femme quand même.
Je ne préjugerai rien de cette union. On a déjà vu Sarah Bernhardt tragédienne, peintre, sculpteur, voyageuse, aéronaute et même écrivaine; elle est capable de se transformer en une paisible et gracieuse bourgeoise. Elle a cherché le bonheur sur la route toute simple du mariage. Pourquoi ne l’y trouverait-elle pas ?
Je le souhaite pour elle d’abord et pour la morale ensuite.
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La page Wikipédia qui lui est consacrée précise qu’elle se marie à Londres avec un acteur d’origine grec Aristides Damala, mais que leur relation ne durera guère, à cause de la dépendance de celui-ci à la morphine. «Elle restera cependant son épouse légitime jusqu’à la mort de l’acteur, en 1889 à l’âge de 34 ans.»
L’image de Sarah Bernhardt, publiée par Currier & Ives, apparaît dans l’ouvrage de Harry T. Peters, Currier & Ives. Printmakers to the American People, Doubleday, Doran & Co., Garden City, New York, 1942.