Les tremblements de terre et leurs causes
L’astronome français Camille Flammarion (1842-1925) avait aussi un intérêt pour les grands phénomènes de la nature. À l’occasion du grand tremblement de terre de San Francisco en 1906, il propose une réflexion sur le sujet dans La Patrie du 19 avril.
Le premier fait qui s’impose à notre attention, dit-il, est qu’il y a des tremblements de terre volcaniques et des tremblements de terre non volcaniques. Selon lui, les tremblements de terre sont de trois types : des secousses verticales, des oscillations horizontales et des tournoiements «qui résultent de la simultanéité de ces deux mouvements combinés».
Pouvons-nous obtenir une explication complète des causes qui produisent de pareils mouvements du sol ?
La théorie que l’on pourrait appeler classique considère le globe terrestre comme une sphère en fusion recouverte d’une mince pellicule. D’après l’ensemble des considérations géodésiques et astronomiques, la masse du globe terrestre n’est pas liquide. […]
Quand aux tremblements de terre, il y en a plusieurs sortes, et ils n’ont pas tous la même cause.
Demander une théorie générale qui explique tous les tremblements de terre équivaut à demander une théorie qui explique tous les accidents qui arrivent journellement à Paris et dans l’humanité entière.
Il nous suffit de comparer les plus récents pour nous rendre compte de leurs différences de caractère.
Ceux d’Ischia, de Java et de Sicile sont incontestablement d’origine volcanique. Ceux d’Espagne, de Charleston et de Ligurie sont indépendants de toute éruption volcanique et produits par une force agissant à une grande profondeur, à la base des montagnes et à proximité de la mer. […]
Les secousses sismiques sont loin d’être réparties au hasard à la surface du globe. Les contrées les plus tranquilles sont, comme la France, la Belgique et une partie de la Russie, celles dont les couches ont conservé leur horizontalité première. Les violentes commotions se font surtout sentir dans les pays de montagnes, qui ont subi des accidents mécaniques considérables et ont acquis leur relief actuel à une époque récente; telles sont l’Italie, la Sicile, les Alpes.
Puis Flammarion y va de son explication finale, qui montre bien que nous sommes alors encore loin d’une explication satisfaisante des tremblements de terre.
Concluons donc en disant qu’en dehors des trépidations du sol d’origine volcaniques, les grands tremblements de terre qui sévissent sur d’immenses surfaces et ont leur siège à plusieurs kilomètres de profondeur, ont pour cause l’action de la vapeur d’eau renfermée dans les cavités et les failles des dislocations profondes des chaînes de montagnes.
Les statistiques de M. de Parville montrent aussi que les tremblements de terre se produisent de préférence quand le soleil et la lune ont même déclinaison. Ce ne sont pas là des causes, assurément, mais des occasions. La cause des principaux tremblements terre non volcaniques n’est autre, selon toute probabilité que l’arrivée de l’eau sur les couches en fusion, la transformation de cette eau en vapeur et la tension de cette vapeur.
La carte indiquant l’épicentre du tremblement de terre au Népal du 25 avril provient du site USGS.