«Les puits-baromètres»

Si vous allez en Suisse, passez par Meyrin, dans le canton de Genève, et prenez le Chemin du Grand-Puits. Manifestement, le détour en vaut la peine. La revue scientifique Ciel et Terre, selon Le Canadien du 14 janvier 1885, rapporte ce fait fort curieux.

Il existe à Meyrin, petite commune du canton de Genève, plusieurs puits qui constituent de véritables baromètres. Voici comment. Ces puits très profonds et abandonnés ont été bouchés au moyen de grandes pierres de taille parfaitement jointes. Dans quelques-unes, l’une des pierres a été percée d’une ouverture circulaire de trois centimètres de diamètre.

Par ce trou qui seul maintient la communication entre la cavité intérieure et l’atmosphère, l’air s’échappe avec violence lorsque le baromètre baisse rapidement, en produisant parfois un bruit sourd qu’on entend de la route voisine.

Pour rendre ce bruit plus sensible, on a placé un sifflet à l’orifice d’un des puits. On entend alors un sifflet aigu comme celui d’une machine à vapeur, bruit persistant parfois toute la journée, aussi longtemps que le baromètre baisse.

Quand on essaie dans ce moment de poser son chapeau sur le trou, il est immédiatement repoussé et rejeté en l’air, ainsi que les feuilles, les brins de paille et autres objets légers situés dans le voisinage.

Au contraire, si le baromètre monte, l’air au lieu de sortir du trou y entre vivement : le même sifflement se fait entendre : mais les objets voisins, au lieu d’être repoussés, sont attirés; les feuilles d’arbres viennent s’accumuler autour de l’orifice.

Les habitants du village savent quelle relation existe entre ces phénomènes et les changements de temps. Si le puits aspire l’air extérieur, c’est, disent-ils, un pronostic de beau temps, d’autant plus probable que l’aspiration est plus modérée et plus durable. Si, au contraire, le puits souffle au dehors, surtout s’il souffle fortement, on s’attend à du mauvais temps.

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Écoutez. Le puits soufflant ou aspirant de Meyrin a été préservé ! Vous pouvez encore vous y trouver. Voici tous les détails à son sujet.

Je vous en prie, gagnez le Chemin du Grand-Puits et donnez-nous en des nouvelles. Faisait-il beau, alors la fontaine aspirait-elle lors de votre passage ? Quel bruit faisait-elle ? Sinon faisait-il mauvais, alors la fontaine inspirait-elle ?

Merci beaucoup à l’avance de votre témoignage.

C’est génial qu’en Suisse, à Meyrin, on ait conservé la présence de ce fait signalé il y a 115 ans !

La photographie ci-haut de la fontaine soufflante et aspirante de Meyrin se trouve sur le site suivant.

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Nous sommes le 29 juillet 2015 maintenant. Mon ami Éric est en Suisse pour son voyage annuel auprès des siens. Il m’avait promis qu’il irait pour nous voir ce puits-baromètre. Il nous envoie les images ci-bas et nous écrit ce mot :

J’y suis. Il s’est bien garni, le puits, depuis des lustres. Selon la plaque posée en 1978, il devrait souffler fort aujourd’hui, avec des vents du sud-ouest de plus de 20 km/h et de la pluie. Or, il a le râle plus qu’inexistant. À sa décharge, disons que les grands travaux d’infrastructure, dont la construction d’une ligne de tramways à une petite centaine de mètre, au cours des dix dernières années ont dû lui obstruer quelques apports d’air.

Qui plus est, la proximité de l’aéroport, une voie à grand trafic et quelques autres contingences urbaines sonores rendent l’écoute d’un éventuel sifflement plutôt difficile.

Pour celles et ceux que cela intéresserait, le site est très accessible par le tram 18 en direction du CERN, arrêt Meyrin-Village. Le puits est situé à à peine deux minutes de marche. Débarquez du tram, prenez la rue Virginio-Malnati, à gauche après l’église et marchez jusqu’au bout de la section pavée. C’est à gauche.

Merci, cher Éric, de t’être rendu sur place et de tous ces détails ! Ta démarche nous permet de prolonger cette histoire fort originale.