Voyageur dans les Pays d’en Haut, vous auriez aimé ?
Au début du 19e siècle, on partait pour les Pays d’en Haut, engagé par la Compagnie de la Baie d’Hudson. Ils étaient plusieurs centaines à quitter pour le Nord-Ouest en quête de fourrures. Le 21 novembre 1884, La Patrie (quotidien montréalais) en raconte le départ de Montréal et le retour.
L’engagement était pour trois ou cinq ans.
Les bureaux de la compagnie de la Baie d’Hudson se trouvaient à cette époque sur la rue St-Gabriel, à l’endroit où s’élève aujourd’hui l’Hôtel du Canada et les vieux bâtiments situés en face. Quelques-unes des voûtes souterraines où la compagnie déposait ses fourrures peuvent encore être visitées par les amateurs d’archéologie.
Le voyageur devait recevoir $100 par année avec sa nourriture. Lorsqu’un homme était engagé, il recevait une couverte et une large courroie en cuir qu’il se passait sur le front pour soutenir sa charge dans les portages.
Les voyageurs n’avaient pas de diligence à leur disposition et le trajet, qui durait trois ou quatre mois, se faisait en canot ou à pied.
Le lieu du départ était Lachine. C’était là où les voyageurs prenaient les canots et commençaient à jouer de l’aviron, en chantant les chansons populaires dont les couplets se répètent encore aujourd’hui.
À Lachine, les parents et les amis des aventuriers venaient leur serrer la main et leur faire leurs adieux. Il y avait quelquefois des scènes navrantes, c’était une mère, une sœur, une fiancée qui fondait en larmes et se cramponnait aux épaules du voyageur au moment où il s’embarquait dans son canot.
Par contre, c’était une grande fête au retour du coureur des bois. Le voyageur, après avoir passé cinq ou souvent dix ans dans les forêts vierges du Nord-Ouest, revenait avec une bourse joliment bien garnie. Les voyageurs très fréquemment épousaient des filles métisses et ils arrivaient à Montréal avec femme et enfants.
À l’arrivée des aventuriers du Nord-Ouest, c’était des ribotes terribles dans les auberges de la rue St-Paul et du bord de l’eau. Le voyageur n’était à Montréal que depuis quelques minutes lorsqu’il courait chez un marchand s’acheter un chapeau à larges bords qu’il ornait d’une longue plume.
Nos gaillards après avoir bu du rhum à tire larigot se promenaient dans les rues de Montréal comme en pays conquis. La nuit, ils faisaient le diable à quatre dans les estaminets du coin flambant. Si le guet [le policier de l’époque] intervenait, il était sûr d’être rossé.
Le voyageur après avoir nocé pendant plusieurs jours à Montréal se rendait dans sa famille et souvent, au lieu de prendre un nouvel engagement avec la compagnie de la Baie d’Hudson, il s’achetait une terre avec ses économies.
En 1810, avec $400, on faisait l’acquisition d’une terre valant $10,000.
La photographie du bronze ci-haut d’un coureur des bois par Marc-Aurèle de Foy Suzor-Côté est de Roland Charuest. On la retrouve à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec à Québec, Fonds ministère de la Culture et des Communications, Office du film du Québec, Documents iconographiques, cote : E6, S7, SS1, P35512.