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Il faut mettre le plus grand soin à son lit

chambreacoucher

«Comme on fait son lit, on se couche» dit le proverbe. 

Il importe donc de le bien faire, non seulement pour être mollement et agréablement couché, mais aussi et surtout pour l’être sainement. C’est en effet dans le lit que l’homme passe environ le tiers de son existence; il y naît, il y meurt, il y est malade, il y trouve après les fatigues du jour le repos nécessaire aux muscles et au système nerveux.

Pour avoir ce repos nécessaire, le corps ne doit pas être meurtri par la dureté de la couche, ni refroidi par le contact de matériaux capables de lui enlever sa chaleur. De plus, il doit être dans des conditions d’aération suffisantes; il faut que l’air ne soit pas infecté de miasmes délétères, et qu’une température trop élevée ne provoque ni l’excitation des nerfs, ni la déperdition exagérée de la sueur.

Nous dirons peu de choses de la charpente même du lit, si ce n’est que la substitution du fer au bois permet à l’air de circuler le plus librement, et débarrasse, en partie, du souci des parasites, avantages incontestables dans les hôpitaux, les casernes, dans les ménages d’ouvriers.

La paillasse, encore en vogue dans les campagnes, sera un jour abandonnée partout pour le sommier élastique, et cet abandon sera un progrès hygiénique.

La paillasse, en effet, qu’elle soit formée de paille de céréales ou de feuilles de maïs, devient bientôt un réceptacle d’humidité, de mauvaise odeur et de parasites; pour s’en servir sans trop d’inconvénients, il est nécessaire de la remuer tous les jours et de la renouveler fréquemment.

Le lit de plume ne vaut pas mieux. Il est trop mou et se nettoie difficilement. Or, la plume possède avec la laine la dangereuse propriété de s’imprégner de miasmes qui s’accumulent et dont on ne se débarrasse que par des nettoyages fréquents ou une aération prolongée. La plume est en outre un mauvais conducteur d’électricité; son contact avec le corps facilite le développement ou l’accumulation du fluide.

Le sommier élastique procure un coucher toujours souple, se prêtant aux mouvements du corps; il possède le grand avantage de la propreté et de l’aération facile.

Les matelas, constitués dans les premiers âges par de simples couches d’herbes et de feuilles, sont actuellement rembourrés de laine, de crin, de plume ou de substances végétales diverses. Enfin, on a trouvé le matelas à air et même le matelas à eau, qui rendent de signalés services aux malades et aux blessés.

Le crin est préférable à la laine; il est plus propre, s’imprègne très peu de miasmes; il forme moins de poussière et se tasse moins. Malheureusement, son prix plus élevé en empêche la généralisation.

Le matelas de laine, qui se charge de miasmes et d’odeurs, devrait être chaque jour exposé à l’air. Tous les ans, il doit subir l’opération du battage et du cardage, et la toile qui sert d’enveloppe doit être lavée.

Le matelas de plume peut être mis sous le matelas de laine, si l’on tient à en faire usage, et jamais, comme nous l’avons dit, il ne doit être en contact immédiat avec le corps. Les matelas de balle d’avoine sont réservés aux berceaux.

 

Source : La Tribune, 26 mai 1893.

L’illustration, un dessin de Gérard Morisset (celui du Prix qui, plus tard, portera son nom), provient de l’ouvrage de la Congrégation Notre-Dame, L’économie domestique à l’école primaire, IIIe et IVe années (Québec, Presses de l’Action sociale, 1934), approuvé par le Comité catholique du Conseil de l’Instruction publique, le 23 septembre 1925.

Avec cet article, nous entreprenons la quatrième année de ce site interactif. Un bonheur pour moi d’avoir traversé ces trois années avec Vous. Je vous promets un nouveau bilan sous peu.

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